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Marco Lodoli
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Quand l'amour est comme le mien, juste un rêve solitaire infini, une insulte au malheur, un crachat à la face du destin, alors il élève ses flammes jusqu'aux cieux, il brûle et purifie tout et ne s'éteint jamais, ne se réduit jamais à un feu dans une cheminée qui réchauffe et apaise, qui illumine une maison bienheureuse.
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Ainsi mes pauvres vagabondent solitaires dans la ville, dans Rome, à la recherche de quelque chose de plus grand qu'eux : et à la fin, il ne s'agit probablement que d'un peu d'amour, parce que l'amour efface les étroites limites de l'existence et ouvre à l'infinie générosité du coeur. Les pauvres ne savent pas grand-chose sinon rien de la manière dont on vit, ils avancent sur un sentier incertain, souvent ils l'inventent en chemin, côtoyant d'un côté l'abysse et de l'autre la nostalgie de l'enfance, ce temps où tout semblait possible. Mais au-dessus de leurs pas, le ciel est azur, la nuit aussi.
M.L. -
Les Promesses de quoi ? Les trois romans portent-ils des promesses ? Oui, quelques-unes. Sorella promet qu'il y a aura une connaissance après la douleur, et peut-être même une félicité. Italia promet quoi qu'il arrive un sens au cours fatal de l'existence, ça ne saute pas aux yeux, mais l'ange, lui, connaît l'histoire : le temps est un petit bout d'éternité. Et Vapore promet finalement le pardon, les contraires se rencontrent, les contraires se détruisent, quelque chose, cependant, sait absoudre tant de misère humaine. (Marco Lodoli).Trois courts romans, donc, où chacun s'entend dans un autre par un jeu de reflets et d'identiques questionnements. Les personnages sont ancrés dans le réel et la vie qui se délite, mais l'auteur, s'il jongle avec beaucoup d'éléments autobiographiques, fait basculer tout cela du côté du réalisme magique. Une religieuse, une servante, une vieille femme : trois narratrices dévident tour à tour dans Les Promesses un récit somnambulique et « vont porter le mystère de l'existence ». Le roi du monde qui tirait les ficelles des Prétendants a abandonné la partie et les trois textes sont émaillés de « Ils » : une entité incertaine, quelque chose qui est plus loin des hommes et qui veille sans sentiments au bon fonctionnement de la mécanique à étioler. Entre « eux » et les humains, il se pourrait aussi que les anges aient à travailler éthérés mais pas exactement en plein ciel. Ils vous attendent plutôt dans l'escalier ou au pied de l'immeuble. Ils sont autres que ce qu'on nous a conté, d'ailleurs sont-ils du bon côté... Ils sont.
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Grand Cirque Déglingue est un récit de l'éternelle enfance avec des personnages proches des Vitelloni de Fellini, qui traînent leur douce folie et leur adolescence attardée dans une ville où tout est déjà tracé.
Mais, heureusement, il y a Sara qui enchante ce monde gris, Sara qui par sa seule présence ou absence suffit à maintenir l'espoir et l'illusion.
Grand Cirque Déglingue appartient au premier mouvement (I Principianti) de la grande oeuvre concertante de Lodoli. L'auteur distille des pages prémonitoires, esquissant les entrées de tous ses récits
à venir et ainsi qu'il le dit lui-même : "ce voyage de la boue vers la lumière, qui passe et repasse par Rome."
Une infinité de routes, qui se ressemblent, tournent en rond et divaguent, mais échouent fatalement au même point. On est en hiver à la veille de Noël, nos trois
"arnarchorêveurs" décident de voler l'Enfant Jésus dans sa crèche : Nous le libérons de son destin et nous l'envoyons jouer avec les autres, ce morveux. Le texte est raconté selon le point de vue des trois protagonistes lunaires pour ne faire qu'une seule voix terrible et fragile, comme la vie et son sacré cirque. -
Il est des écrivains qui font corps avec un lieu. Difficile de penser Sciascia sans la Sicile, Saba sans Trieste et Pasolini sans Rome. L'espace a nourri l'imaginaire et, en retour, l'écrivain y invente une géographie de la langue, il la transforme en une substance où la rue devient verbe ; le soleil ou la crasse qu'on y respire une phrase. Marco Lodoli appartient à cette veine d'écrivains et depuis Pasolini jamais Rome n'avait servi de matière littéraire avec autant d'intensité.
Ces trois brefs romans, La Nuit, Le Vent et Les Fleurs sont une fugue nocturne allegro furioso ; car il fait presque toujours nuit dans les livres de Lodoli. Qu'elle soit la nuit du monde ou la nuit intérieure, la couleur des récits est le noir. La ville, qui offre ses ruelles et ses places à ces trois échappées, n'est pas la cité monumentale ou de carte postale, c'est un espace grouillant qui par un détail vous propulse dans un sombre enchantement.