« Des fois, Sam, j'ai l'impression que la lumière des faits nous parvient de très loin, comme celles des étoiles mortes. Et que nous nageons en plein arbitraire quand nous essayons de relier les points pour obtenir une figure plausible... Peut-être que les explications que nous cherchons ne sont jamais que des approximations, des esquisses chargées de sens, comme les constellations : nous dessinons des chiens et des chaudrons là ou règne la glace éternelle des soleils éteints. » En 2001, à la mort de son ancien professeur, l'éditeur-poète Chevalier Branlequeue (un nom de plume!), l'écrivain Samuel Nihilo décide de poursuivre les recherches de ce dernier sur la crise d'Octobre 1970. Chevalier y a toujours vu l'aboutissement d'une conspiration politique. De Montréal, où commence son enquête, jusqu'au village mexicain de Zopilote, où les chemins de Nihilo et d'un ex-felquiste se croiseront, en passant par l'Abitibi des grands espaces - si somptueusement décrits -, les recherches de Samuel vont rapidement se concentrer sur le rôle joué en 70 par les services secrets, l'escouade antiterroriste et toute une panoplie de personnages pas nets, dont le spectre quasi shakespearien du ministre assassiné ! Dans cette extraordinaire fresque, premier grand roman sur la crise d'Octobre, Louis Hamelin réinvente l'histoire du terrorisme au Québec et fait le portrait, souvent très drôle, d'une société entre deux époques. Roman historique ? Polar ? Thriller politique ? Tout cela et bien plus encore !
Si Ti-Luc Blouin est si pressé de se rendre sur la côte ouest, c'est qu'il est à la recherche de son père, un écrivain américain mythique qui vit reclus dans l'île de Mere, au large de Vancouver. Mais il trouvera là bien plus que ce qu'il avait escompté. Hier encore le royaume de la forêt vierge, l'île est aujourd'hui le théâtre de vifs affrontements entre la multinationale qui détient les droits d'exploitation de la forêt et tout ce que l'Amérique compte d'écologistes et de militants.
Après avoir vécu dix ans à Montréal, Éva revient s'installer dans sa ville natale, Maldoror, en Abitibi, plus précisément dans le chalet de son père, au bord du lac Kaganoma.
Ce qu'elle vient y chercher ? Le silence, la paix. Mais il s'avère que ce silence, cette paix, sont des denrées rares et que, comme toujours quand il y a des denrées rares, il se trouve un petit malin pour se les approprier et les revendre, avec profit, aux Américains.
C'est ainsi qu'Éva s'engage dans un mouvement de protestation lancé par des riverains du Kaganoma, qui se mobilisent pour protéger leur trésor. Cette folle aventure l'amènera à former un improbable quatuor avec trois hommes : Dan Dubois, acteur célèbre devenu documentariste dénonçant l'exploitation de la forêt boréale, Lionel Viger, « le Lion de l'Abitibi », promoteur extravagant et roi nègre local, et son propre père, Stan Sauvé, polygraphe et rédacteur en chef du «Colon», l'hebdo de Maldoror.
Avec humour et ironie, sans exclure la tendresse, Louis Hamelin croque ici ses personnages avec l'oeil subtil du moraliste, mais sans jamais les juger, opposant à la dérisoire sauvagerie des hommes l'immense sauvagerie de la nature.
Voilà donc Montréal transformée en phytophage corps callipyge grâce à Dorianne sortie tout droit d'un roman de Marcel Proust : fugitive égérie que le vin fait halluciner, tous les moteurs de la ville - vrombissantes voitures phalliques - se lançant à sa poursuite pour l'écraser définitivement sur l'asphalte chaud de la nuit.
Un temps, la triade que forment Pierre, Vincent et Pietr la sauvera de la mécanique nocturne mais, dès les premières pages du roman, la chose était déjà entendue : bien que s'agitant dans le labour et le débours de la nuit, les spectres, pareils aux vampires si chers à Pietr, ne sauraient résister à la remontée inéluctable du jour, Montréal redevenant l'infamie de la misère sociale, sa luminosité fourbe s'étalant comme une énorme main sale sur les choses et le monde.
Dans Ces spectres agités, on est dans l'univers atomisé du Grand Morial où les affinités électives demandent encore à venir vraiment - ce choix nouveau de sa véritable parentèle, et dont le roman de Louis Hamelin pose un jalon essentiel dans notre littérature.
Extrait de la préface de Victor-Lévy Beaulieu.
Ces spectres agités est paru à l'origine en 1991.
Poètes qui se meurent de désir, débroussailleurs qui ont vu l'ours, informaticien pris entre deux feux : qu'ils soient indiens cris ou écrivains, les personnages qui traversent ces dix histoires sont aux prises avec la complexité d'un monde qui n'est que le pâle reflet des beautés réfugiées dans la mémoire. Ils ont des désirs simples ou compliqués, de l'amour à revendre, l'art de se mettre les pieds dans les plats. Naïfs ou rusés, passionnément inadaptés, ils oscillent entre la secrète nostalgie d'une vie libre et les besoins de la tendresse. Dans leur imagination s'empilent les cadavres de loups et les filles de Toronto. La solitude est leur lot commun, ils mordent dans le gras de l'avenir, se promènent de couples embryonnaires en mirages familiaux. Sans cesse, leur tristesse s'alimente à leur joie. Ils sont, en d'autres mots, des vivants bien ordinaires et terribles. Le romancier Louis Hamelin se fait ici conteur et nous offre des histoires parfois pathétiques, parfois drôles, souvent charnelles, qui nous font voyager de Montréal jusqu'aux territoires les plus sauvages.
Voyager en emportant ses racines, quel beau rêve... Quel cauchemar. On voudrait devenir un autre, mais les racines sont là, elles nous suivent, leur terreau nous colle aux talons: rêves, souvenirs, images des absents, et jusqu'à l'avenir lui-même. Un seul besoin: la lumière. Assis sur mon petit bout de sol natal, je suis une forme qui fluctue. Ce sont les fluctuations de cette entité parfois floue que j'ai essayé de fixer, sans toujours m'en rendre compte, et parce qu'il faut bien écrire, quand on a fait la gaffe de se déclarer d'entrée de jeu écrivain. Comme une plante en pot, j'ai exposé mes feuilles à un soleil de douze mois. Les textes réunis ici se promènent entre la Gaspésie et la Mauricie, lieux des souvenirs d'enfance et de la vérité première, et entre Montréal et Paris, là où, parfois brutalement, j'ai été éjecté dans l'univers. Si mon identité, en tant que représentation d'une créature distincte, existe, elle ne se définit jamais mieux que par ma relation avec mon chat, ne se trouve pas ailleurs que dans ce lac encore sauvage de la Mauricie où, par une chaude fin d'après-midi qui laisse le monde inchangé, je m'immerge jusqu'aux narines et commets quelques brasses, pendant qu'un couple de huards qui refait périodiquement surface me crie après. Voilà. Se fondre dans le monde et, perpétuellement, naître. C'est la seule aventure dont il sera question ici.
Il suffit d'un rien pour que notre vie soit changée. Par exemple, qu'un orignal atterrisse sur la banquette avant de notre auto après avoir fracassé le pare-brise. Imaginez que, la fois suivante, ce soit Betsi Larousse, la starlette du clip, l'idole de l'heure, qui se retrouve assise à la même place. Betsi Larousse ou l'ineffable eccéité de la loutre est un roman résolument américain par le ton, la démesure et surtout par cette pureté, cette naïveté, cette grandeur qui sont les marques les plus profondes et les plus visibles de cette flambante Amérique.
Essai ludique au ton personnel, Fabrications raconte les huit années d'une passionnante enquête intellectuelle pendant lesquelles Louis Hamelin a écrit La constellation du Lynx. Ce roman a parfois été perçu comme un document politique ou un ouvrage historique ; à l'inverse, le présent essai sera peut-être pris pour une oeuvre de fiction. Pourtant, à part Samuel Nihilo, l'alter ego fictif de l'auteur, les personnages qu'on y rencontre existent ou ont déjà existé - même si leurs noms ont parfois été modifiés - et leurs propos sont rapportés avec le souci de traduire au mieux leur pensée.
Où se trouve le plus de vérité ? Dans le patient réexamen des faits qui préside à la fabrication artisanale du romancier ou dans les récits tout aussi construits qui forment la « version officielle », avec sa narration univoque et ses prétentions à l'authenticité ? Il y a une histoire secrète qui, à l'instar de la littérature, fabrique des récits. D'une même matière surgissent des interprétations antagonistes, dont l'une s'imposera en repoussant les autres dans la fiction. Ici, le processus est soumis à un éclairage littéraire qui fait appel tant à l'expérience des Brigades rouges qu'à l'intelligence de quelques oeuvres phares, de Tolstoï à Mailer.
Voici donc la vraie histoire de Samuel Nihilo.
Chroniqueur de littérature au Devoir depuis 1999, Louis Hamelin est l'auteur de sept romans dont La rage (1989), prix du Gouverneur général en 1990, et La constellation du Lynx (2010), qui a été couronné par cinq prix littéraires dont celui des Libraires et celui des Collégiens. Il a aussi publié un recueil de nouvelles et deux essais.
Quand Gilles a quitté Montréal pour les régions nordiques du Québec, c'était la tête pleine de clichés et de paysages baignant dans l'innocence originelle. Mais Grande-Ourse, ce village au bout de la voie ferrée où il échoue, pue la bière, la crasse et la haine. C'est Cowboy, un Amérindien, qui va initier Gilles aux patientes rancoeurs entre races, aux violences taciturnes. Jusqu'à l'entraîner dans la tourmente.
François Ladouceur, étudiant en biologie et journaliste amateur, est un spécialiste de la fuite : quand le monde lui pèse trop, sur fond d'apocalypse nucléaire programmée, il s'éclipse, appelé par le désert. Pourtant, Myrrha et lui s'aiment d'un amour édénique dans le jardin sauvage dont ils ont la garde. Jusqu'à ce que François en vienne à s'intéresser à une secte étrange, qui prône un retour aux cultes antiques ayant leurs racines en terre mexicaine. Mais, un jour, Ladouceur part à la recherche d'une amie enrôlée dans la secte. C'est à Teotihuacan, cité des dieux disparus, que s'achèvera sa quête et enquête, dans la mutation qui le destine au Désert de la Solitude où, paradoxalement, se sont regroupés hommes et femmes, pour que le monde perdure. Louis Hamelin propose ici une traversée bien peu banale du continent nord américain, dans un roman à la fois initiatique et prophétique, qui tente de réconcilier la nuit du millénaire finissant avec le soleil des gouffres, ce principe de vie et de mort fouillant jusqu'à l'abîme le temps du coeur humain.
Un jeune décrocheur squatte les terres que le gouvernement a expropriées pour construire l'aéroport de Mirabel, près de Montréal. Don Quichotte abandonné de tous sauf de ses deux grands chiens, il fait la rencontre d'une jeune femme, en même temps qu'on apprend qu'une terrible infection se répand, une maladie qui se transmet du renard au chien, puis du chien à son meilleur ami...
Depuis toujours le pôle Nord fascine. Territoire hostile, ce nest quau xxe siècle que les explorateurs atteindront cette destination mythique. Et pourtant, en 1595, le génial cartographe flamand Gérard Mercator publie, dans son atlas mondial, une planche audacieuse : Septentrionalium Terrarum descriptio.
Déjà, la projection polaire déroute. Les continents senroulent autour de quatre îles qui forment une vaste surface circulaire, montrant que lAmérique est une proche voisine de lEurope et de lAsie. Au centre, un rocher surplombe le Polus Arcticus. Mercator fait cohabiter des représentations du territoire réalistes et même novatrices avec dautres, qualifiées de mystérieuses, voire de fantaisistes.
En décortiquant ce document exceptionnel, Hamelin, Biondo et Bouchard traitent de la nordicité à travers différents thèmes tels lexploration polaire, le mythe du pôle Nord, lautochtonie ou encore la terminologie nordique. À leur tour audacieux, ils proposent des hypothèses sur la représentation de la banquise et abordent la question des cycles climatiques et du réchauffement actuel de lArctique.
Un beau livre de 192 pages, en couleurs, imprimé au Québec dans un tirage limité.
Au verso de la jaquette, sur un papier Cougar superfin, une reproduction de la carte originale permet de suivre en détail les auteurs dans leur voyage arctique.
Spécialiste du Nord canadien, Louis-Edmond Hamelin est écrivain, professeur et géographe. Son ouvrage Nordicité canadienne est une uvre pionnière dans les recherches nordiques qui lui a valu le Prix du Gouverneur général en 1975. Le film Le Nord au cur, de Serge Giguère, brosse le portrait de la carrière de ce grand homme.
Diplômé de lUniversité du Québec à Montréal et de lUniversité de Montréal, Stéfano Biondo est à lorigine de la création du Centre dinformation géographique et statistique de la Bibliothèque de lUniversité Laval, où il occupe la fonction de cartothécaire depuis 2005.
Joë Bouchard est bibliothécaire à lUniversité Laval depuis 2009 après lavoir été à lUniversité de Moncton. Il détient une maîtrise en sciences de linformation de lUniversité de Montréal et une maîtrise en études littéraires de lUniversité du Québec à Montréal. Il sintéresse aux sources documentaires liées à la constitution de limaginaire du Nord.
Le thème du territoire impose la prospection, l'exploration, le mouvement. Il résonne depuis toujours dans notre littérature, dans nos imaginaires. Que dire aujourd'hui, dans la cartographie connue du monde connu, dans la planète Google accessible de partout du bout du doigt? Qu'intime le territoire aux écrivains d'ici, alors que les déplacements GPS se calculent en nombre de minutes restantes, de tracés prédéfinis et sans surprise, que les paysages défilent sous la poésie d'une voix robotisée servant momentanément de copilote? Le territoire se redéfinit et l'immensité s'amenuise comme peau de chagrin. À la limite des territoires, subitement, la menace du seul et du même, du standardisé et du sans rêve. Les imaginaires se doivent de contre-attaquer. C'est dans cette urgence que Mathieu Blais a suggéré ce projet d'un numéro sur le territoire.
Le dossier de ce numéro, dirigé par Michel Nareau et Jacques Pelletier, et comprenant des articles de Julien Desrochers, de Jimmy Thibeault, de Daniel Laforest, de François Ouellet et de Robert Dion, tente une première exploration collective de l'oeuvre foisonnante de Louis Hamelin. En plus de ces articles de fond, le dossier propose trois incontournables pour le chercheur en littérature contemporaine québécoise : un entretien avec l'auteur, un texte inédit et une bibliographie actualisée incluant tant l'oeuvre de Louis Hamelin que les articles qui en traitent. Aussi au sommaire de ce numéro, une étude de Louise-Hélène Filion sur la perception polémique de l'Autre dans Ça va aller de Catherine Mavrikakis et un essai de Jonathan Livernois à propos du livre de Jean Larose, Essais de littérature appliquée et de celui d'André Langevin, Cet étranger parmi nous.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Pour nous Québécois, l'Amérique a toujours été une question. Nous sommes d'Amérique, c'est l'évidence, mais nous ne sommes pas, nous n'avons jamais été complètement américains. Nous vivons un peu comme dans un pays d'Europe du Nord : société prospère, politiques sociales généreuses, respect de la diversité, grands espaces, etc. Et, comme dans ces sociétés où il ne se passe jamais rien, nous sommes étrangers aux violences vécues aux États-Unis et dans les pays d'Amérique latine, qu'elles soient le produit d'un conflit racial qui s'éternise, de la guerre contre les narcotrafiquants ou des inégalités sociales criantes. Le dossier de ce numéro, constitué des textes de Vincent Lambert, Mathieu Bélisle, Samuel Archibald et Louise Desjardins, fouille la question : Sommes-nous américains? À quelle Amérique ou à quelle dimension de l'Amérique pouvons-nous nous identifier?
Dans la foulée du débat qui, depuis ce printemps, secoue et inquiète encore le milieu théâtral, Spirale est particulièrement heureuse d'offrir à ses lecteurs et lectrices un dossier qui présente un état des lieux de l'institution théâtrale au Québec. Comme le soulignent Gilbert David et Yves Jubinville, ce dossier « se veut ainsi une sorte de réponse [...] à l'une des réflexions qui a animé le milieu ces dernières années et qui découlait du vaste remue-méninges entrepris lors des Seconds États généraux du théâtre professionnel en 2007 ». Une réponse qui s'avère quelque peu polémique... En portfolio, Françoise Lucbert signe la présentation du travail artistique de Jean-Pierre Morin, sculpteur ayant réalisé plus d'une trentaine d'oeuvres publiques et participé à de nombreuses expositions individuelles et collectives, tant en Amérique du Nord qu'en Europe.
Intitulé « Le savoir capital », le dossier de ce numéro cherche à nourrir la réflexion non seulement sur le mode d'accessibilité aux institutions d'enseignement supérieur, mais d'abord - et surtout - à « se pencher sur la nature du savoir auquel nous souhaitons préserver l'accès ». Ainsi, les collaborateurs de ce dossier, tous des professeurs ou chargés de cours à l'université ou au collège, ont accepté le mandat de commenter divers ouvrages « testaments » du printemps érable afin d'interroger les liens délicats qui unissent professeurs, savoir, institutions d'éducation et forces du pouvoir. Hors dossier, un texte hommage à Jean-Bertrand Pontis, décédé début 2013, ainsi qu'une critique de son dernier livre, Le laboratoire central, les comptes-rendus de trois recueils d'Hélène Cixous et, en portfolio, les peintures de Pierre Dorion.
Alors que le monde de l'édition connaît un des bouleversements les plus importants de son histoire, Pascal Genêt et Patrick Poirier présentent les « Nouveaux enjeux de l'édition » un dossier rassemblant des collaborateurs de première ligne qui s'intéressent surtout à l'un des défis les plus importants de ce milieu, soit la révolution numérique. Ailleurs dans ce numéro, un portfolio sur le travail artistique du peintre et graveur François Vincent présenté par Sylvie Lacerte, la chronique de l'auteur invité Louis Hamelin et un texte de Georges Leroux sur Solitudes solo de Daniel Léveillé Danse. Le roman de Christine Angot, Une semaine de vacances, la pièce de théâtre Les femmes savantes mise en scène par Denis Marleau et le récit Printemps spécial par un collectif d'auteurs font aussi partie des critiques de ce numéro.
C'est sans préméditation que les textes du présent numéro s'articulent autour d'un pôle d'attraction qui leur confère une certaine unité malgré leur grande diversité. Ainsi, le voyage initiatique, la transmutation et le déplacement identitaire sont présents dans les récits de Louis Hamelin et de Roland Bourneuf, sensibles dans les réflexions poétiques de Dominguo Cisneros, Guillaume Asselin, Roger Des Roches ou Cédric Demangeot ainsi que dans les proses de Marie Cosnay, Emmanuel Kattan et Jean-Claude Brochu, pour ne nommer que ceux-ci. La revue propose aussi un hommage à Robert Lepage en publiant son discours d'acceptation de la Médaille de l'Académie des lettres du Québec reçue l'automne dernier, texte précédé d'une synthèse de son oeuvre par André Ricard, directeur adjoint de la revue.
«Je me suis engagé spontanément dans des domaines qui deviendront caractéristiques du modèle québécois, à savoir l'enthousiasme de faire, l'université, le rôle de l'État, le Nord et la langue. J'ai commencé des enseignements dans des matières peu connues: géographie, géomorphologie en milieu froid. J'ai suggéré l'organisation d'un ministère du Nord; un tel outil n'a jamais été créé, mais il aurait été fort utile lors du développement de l'hydroélectricité du Moyen Nord, l'élaboration de la Convention nordique et la conceptualisation de modèles administratifs originaux.»
Louis-Edmond Hamelin a consacré sa vie au travail intellectuel tout en continuant des activités physiques étonnantes. Géographe, économiste et linguiste, il a fondé, en 1961, le Centre d'études nordiques interdisciplinaire, à l'Université Laval, où s'est déroulée la majeure partie de sa carrière scientifique. De 1978 à 1983, il fut recteur de l'Université du Québec à Trois-Rivières. On lui doit de nombreuses publications (dont le livre Nordicité canadienne aux Éditions Hurtubise HMH) qui lui valut le prix du Gouverneur général en 1976), ainsi que d'innombrables néologismes.
Octogénaire, ce pionnier des études géographiques et nordiques au Canada décrit son parcours intellectuel, sa carrière et son cheminement personnel où le tout apparaît très lié. Il pose un regard global sur le Québec de l'Est à l'Ouest et du Sud au Nord. Un regard qu'il devient de plus en plus urgent que nous posions nous aussi.