DU MASCULIN BLESSÉ AU MASCULIN SACRÉCes dernières années, certains hommes ont entrepris une remise en question radicale des héritages, des modèles et des valeurs que nos sociétés leur demandent d'épouser aveuglément. Ils ont longtemps été prisonniers d'un système qui leur a appris la conquête, l'ambition, le profit, la compétition, la puissance ou encore la performance. Aujourd'hui, ils se découvrent à travers de longs processus évolutifs qui mettent en lumière leur aptitude pour l'introspection, l'intériorité, le silence, le renoncement et la vie spirituelle.
Jean-Philippe de Tonnac est allé à la rencontre de quatorze d'entre eux, acteurs de ces profondes transformations pour leur demander de raconter leur chemin. Ils partagent avec nous les outils, thérapies et initiations qui leur ont permis de soigner le fils mal-aimé, le père déserteur, le compagnon immature, le citoyen distrait, le vivant inconséquent, le Sapiens déconnecté...
Sources d'inspiration, leurs exemples et leur humilité invitent chacun d'entre nous à oeuvrer à la guérison du monde.
Au début des années 2000, Roland Feuillas quitte une carrière de chef d'entreprise pour se tourner vers le pain. Mais pas n'importe quel pain : un pain issu des variétés anciennes et qui en restitue la puissance nutritionnelle. Pour ce faire, il a travaillé à maîtriser toutes les séquences du cycle de la transformation du grain au pain, en ingénieur qu'il est de formation, en artisan dans la famille desquels il s'est inscrit, en artiste des longues fermentations et des cuissons au feu de bois, en paysan qu'il rêve de devenir.
Je suis allé à la rencontre de guérisseuses en France, en Suisse, au Canada. Que faut-il entendre par guérisseuses ? Des femmes qui prennent en charge les maux qui ne trouvent plus aucune écoute, qui prennent indistinctement soin du corps et de l?âme, qui soignent à partir de dons. Vous pouvez les appeler aussi bien énergéticiennes, magnétiseuses, naturopathes, médiums, exorcistes, écothérapeutes, chercheuses en mémoire cellulaire, chamanes. Elles sont pour notre temps celles que les pouvoirs temporels et spirituels ont autrefois empêché d?exercer, persécutés avant de les faire disparaître par le feu. A chacune j?ai demandé de me dire la manière dont elle était devenue guérisseuse, les dons qui entraient dans son travail de guérison, la place qu?elle occupait dans la vie de ses patients. Pour connaître leur art, j?ai reçu de leur part un soin, parfois plusieurs. C?est la notion de "maladie" et de "guérison" qu?interroge en profondeur ce voyage. En écoutant adolescent les garçons parler des filles, en découvrant le peu de place fait aux femmes dans nos sociétés, j?ai souvent eu honte d?être un homme. Aller au devant de ces guérisseuses était pour moi d?abord un chemin en réparation. Parce qu?elles ont su se relever de leurs blessures, ces femmes peuvent venir au secours de leurs semblables. Elles incarnent la puissance du féminin dont nous avons, hommes et femmes, si terriblement peur, une peur qui a justifié qu?on discrédite longtemps leur art né de l?expérience et de l?élan d?apaiser. Elles représentent pour moi l?accès à ce monde que nous avons perdu.
Le remarquable roman de Jean-Philippe de Tonnac sur le sang des femmes.
" La société étale le sang partout sur nos écrans, elle donne l'impression de s'en délecter, quand le sang des femmes, lui, est tabou, lui et tout ce qu'il raconte. "
Sur le chemin d'un homme, il vient parfois une femme qui accepte de partager avec lui ses secrets, une femme qui a elle-même accepté d'accueillir le sang et d'être par lui ensaigné.
En catimini, en cachette, du grec katamênia, " menstruation ". C'est ainsi que les femmes vivent le plus souvent au sein de notre humanité, anonymes, privées de droit, de considération. C'est ainsi qu'elles sont invitées chaque mois à saigner puisque ce sang est répugnant, qu'il les rend folles, infréquentables, c'est bien connu. Que voulez-vous que des sociétés qui ont parié sur le virtuel, le hors-sol, le grand marché, la mort honteuse, qui ont une telle haine de la vie, comprennent encore quelque chose de cette histoire de cycle ?
Puisque les femmes commencent à se libérer de ces carcans où on veut toujours les museler, on dirait que le sang lui aussi veut sortir de sa clandestinité et avec lui tout ce dont il est porteur. Le narrateur est un homme qui " rencontre " le sang, presque malgré lui. A lui, la question ne s'était jamais posée ou bien les femmes qu'il avait rencontrées jusqu'à ce jour ne l'avaient pas invité à partager leurs secrets.
RÉSUMÉ
Une rencontre au musée d'Orsay devant L'Origine du monde. Une conversation sur le scandale que le tableau provoque toujours et ce qu'aurait été ce scandale si le peintre avait peint une femme qui saigne. C'est le début d'un échange entre le narrateur qui croit tenir dans cet échange le préalable à une romance et une femme qui croit tenir en cet homme un candidat à l'ensaignement. C'est le début d'un roman qui suit le parcours d'un homme qui, sur ce malentendu, décide de rejoindre une communauté installée dans le sud de la Crète. Communauté dédiée à la réconciliation des femmes avec leur cycle, avec la vie.
"Des mains de femme sur le pain, le corps du Christ". La nuit de son dernier repas, le Christ partage l'azyme pascal, il se fait pain de Vie. Mais qu'était ce pain par lequel les douze ont communié ? Qui l'avait panifié pour lui ? Azyme c'est le mariage de l'eau et de la farine, de l'histoire singulière d'Ahava, qui a pétri le pain du seder, et de l'histoire pluriséculaire judéo-chrétienne. Un récit, doux et grave, qui touche par son évidence et sa délicatesse.
Roland Feuillas et Jean-Philippe de Tonnac poursuivent leur dialogue passionnant initié en 2017 avec A la recherche du pain vivant où l'on prenait conscience que le pain, loin de n'être qu'un simple aliment, est en réalité le fondement de nos civilisations. Ce nouvel ouvrage explore cette fois la question primordiale des semences.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.