À quelques kilomètres d'Embrun dans les Hautes-Alpes, sur les bords du lac de Serre-Ponçon, jaillit soudain un château aux allures médiévales, le château de Picomtal. Au début des années 2000, les nouveaux propriétaires effectuant des travaux découvrent, au revers des planchers qu'ils sont en train de démonter, des inscriptions. Cent vingt ans plus tôt, au début des années 1880, le menuisier qui a monté le parquet dans les différentes pièces s'est confié. L'homme sait qu'il ne sera lu qu'après sa mort. Il adresse un message outre-tombe et parle de lui, de ses angoisses, de sa famille, de ses voisins, faisant revivre une société villageoise confrontée au progrès économique matérialisé par l'arrivée du chemin de fer, mais aussi à l'avènement de la République. Mais c'est surtout quand il évoque les secrets des uns et des autres, quand il parle de sexualité, que Joachim Martin s'avère un témoin passionnant des moeurs souvent cachées de son temps. On dispose de peu de témoignages directs des gens du peuple, mais cette façon de s'exprimer est totalement inédite. Qui plus est ces confessions revêtent un caractère exceptionnel. À travers son témoignage, sur lui-même et son village, c'est ainsi toute une époque qui revit.
Le 2 juillet 1816, la frégate La Méduse s'échoue sur un banc de sable au large de la Mauritanie avec, à son bord, quatre cents passagers. Cent cinquante sont abandonnés sur un radeau construit à la hâte qui dérive pendant treize jours. Sans provisions, les naufragés de la Méduse s'entre-tuent, les rescapés dévorant la chair des cadavres gisant à leur côté. Quinze seulement survivent. Quatre témoigneront de cette expérience hors du commun. Leur récit bouleverse et divise la France de la Restauration. À travers la mise en cause du capitaine, dont l'incapacité est avérée, c'est le gouvernement lui-même qui est attaqué. Au-delà de cette dimension politique, les Français découvrent avec stupeur cette aventure tragique et macabre qui touche les replis les plus sombres de l'âme humaine. Le souvenir des guerres de l'Empire rejaillit. La catastrophe de la Méduse, immortalisée par Géricault au salon de 1819, exprime un indicible refoulé depuis l'avènement de Napoléon.
Partant des récits des témoins et d'archives inédites, Jacques-Olivier Boudon nous fait revivre l'odyssée des naufragés de la Méduse. Il nous raconte, d'une écriture alerte, les rebondissements de ce drame et explore les profondeurs d'une société qui solde alors le passif d'un quart de siècle de violences de guerre.
Mai 1798. Bonaparte lance l'une des aventures militaires les plus fortes de l'épopée napoléonienne : la campagne d'Égypte. L'égyptomanie fait alors fureur en France et l'expédition éveille l'intérêt pour tous les mythes de l'Égypte ancienne, celle des Pharaons, d'Alexandre et de Cléopâtre. La participation de près de 170 savants, dont beaucoup rentrent chargés de trésors, contribue à la renommée d'une expérience qui apparaît d'emblée comme un choc entre deux civilisations. Mais il s'agit d'abord et avant tout d'une campagne militaire de grande envergure, qui mobilise une flotte de plusieurs centaines de navires pour acheminer près de 40 000 hommes de l'autre côté de la Méditerranée.
Loin de l'Europe, les troupes du général Bonaparte découvrent un pays qui leur est inconnu et une autre façon de faire la guerre. Les soldats répondent
à la violence de leurs opposants par une violence sans doute jamais atteinte dont pâtissent surtout les populations civiles. La colonisation de l'Égypte par les Français, au-delà des réformes imposées au nom de l'exportation des principes de 1789, s'est traduite par une politique de répression systématique du peuple égyptien.
Jacques-Olivier Boudon raconte l'histoire de cette campagne et le destin de ceux qui y ont pris part. Il retrace, en reprenant les témoignages des acteurs et des victimes de cet épisode, l'histoire d'un échec militaire entré au panthéon des hauts faits de l'empereur.