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Editions Boréal
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Chemins perdus, chemins trouvés
Jacques Brault
- Editions Boréal
- Papiers collés
- 4 Mai 2012
- 9782764641781
L'essai, chez Jacques Brault, a toujours accompagné l'écriture poétique, comme en ont déjà témoigné superbement Chemin faisant (1975) et La Poussière du chemin (1989), parus tous deux dans la collection « Papiers collés », et comme en témoigne de nouveau le livre que voici, ultime volet de ce qui se découvre aujourd'hui comme une longue méditation ininterrompue dans laquelle un praticien réfléchit à son propre métier. Écrits au cours des deux dernières décennies, les vingt-huit essais qui composent ce recueil se présentent comme autant d'explorations à travers lesquelles se forme et s'approfondit une pensée, ou mieux : une conscience de la poésie, comme art, certes, mais aussi, et surtout, comme l'expérience à la fois obscure et lumineuse à la source et au terme de cet art. Ces explorations se font tantôt par le souvenir, l'autoportrait en « bricoleur » ou en professeur de poésie, tantôt par la réflexion philosophique, tantôt par la (re)lecture de quelques oeuvres toutes marquées à leur manière par l'avènement de la poésie. À la fois précises et « rêveuses », ces lectures abordent aussi bien des romanciers (Gabrielle Roy, Gilles Archambault, Yvon Rivard) que des poètes d'ici ou d'ailleurs, d'hier ou d'aujourd'hui, de Laforgue à Char, de Grandbois et Saint-Denys Garneau à Roland Giguère et Miron, de Robert Melançon à Marie Uguay, de Robert Marteau à Jean-Pierre Issenhuth. Mais dans tout cela, point de lourdeurs ni de démonstrations savantes, car « l'art de l'essai, dit Jacques Brault, chemine, à la fois écolier et vagabond, naïf et rusé, moqueur, mélancolique, perdu de finitude, éperdu d'infini, espérant toujours que plus tard, peut-être... ».
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Qu'il emprunte le rôle de l'automobiliste, du jardinier, du voyageur plus ou moins égaré, de l'amateur de rêves, qu'il se voie en fils ou en père, qu'il rie ou qu'il pleure, le narrateur des textes ici rassemblés garde partout la même ironie et la même candeur, le même souci de saisir au plus près la joie et l'angoisse qu'apporte le simple fait d'être, d'écrire, de penser. « Homme du quotidien je demeure, écrit-il, attentif à ne pas saccager mes contradictions, et naïf dans la désillusion. » Illustrant par excellence l'art à la fois intime et amical de la « chronique », ces textes sont écrits au plus près de l'expérience vécue ou remémorée, et en même temps s'adressent au lecteur comme à un confident de toujours. Il y est question de la nature, de la mort, de la mélancolie, de l'amour, du taoïsme, mais aussi de la télévision, de la nuit, et même des bretelles d'un vieil oncle disparu. Il y est question de la pensée la plus haute, mais aussi de la sensibilité la plus vive. Il y est question, en un mot, de chacun de nous, de cela qui en nous vibre et attend, qui se parle à soi-même tout en ayant besoin de parler aux autres. La poésie comme art de vivre. La vie comme milieu de la vraie poésie.