L'ouvrage de I. et P. Hadot constitue une introduction au Manuel d'Epictète, oeuvre stoïcienne majeure du iie siècle de notre ère, ainsi qu'au commentaire du Manuel rédigé trois siècles plus tard par le néoplatonicien Simplicius. Une approche d'ensemble de ces oeuvres, de leurs caractéristiques formelles et doctrinales, ainsi que l'étude de quelques thèmes choisis (la distinction de « ce qui dépend de nous » et de « ce qui ne dépend pas de nous », les paraboles de l'escale et du banquet, le rapport entre religion et philosophie) permettent de cerner des postures philosophiques fondamentales, touchant la question de la piété, celle du destin et du libre arbitre, ou encore de notre rapport aux maux et à la mort. Par là, ce livre à deux voix représente aussi et avant tout une méditation sur le sens fondamental de l'activité philosophique dans l'Antiquité ; comme l'écrivent les auteurs : « En utilisant la méthode exégétique, nous avons eu l'intention de répondre à une interrogation, à la fois historique et existentielle : comment apprenait-on à philosopher dans l'Antiquité ? Car le Manuel et son commentaire par Simplicius peuvent nous apporter de précieux renseignements sur la nature exacte et la pratique de la philosophie antique. »
Dans cette leçon inaugurale de la chaire d'histoire de la pensée hellénistique et romaine professée au Collège de France, Pierre Hadot expose la démarche qui préside à l'ensemble de ses travaux et développe l'une de ses idées directrices : la philosophie antique n'était pas un ensemble de connaissances à assimiler, mais une pratique de transformation de soi-même, une initiation.
"Socrate apparaît comme un médiateur entre la norme idéale et la réalité humaine. L'idée de médiation, d'intermédiaire, évoque celle de juste milieu et d'équilibre. On s'attend à voir apparaître une figure harmonieuse, mêlant en de fines nuances les traits divins et les traits humains. Il n'en est rien. La figure de Socrate est déroutante, ambiguë, inquiétante."Cette étude ne tente pas de reconstituer le Socrate historique, mais présente la figure paradoxale et ironique du sage telle qu'elle a agi dans la tradition occidentale à travers Le Banquet de Platon et telle qu'elle fut perçue par ces deux grands esprits socratiques que furent Kierkegaard et Nietzsche.
La vie philosophique ne consiste pas uniquement dans la parole et l'criture, mais dans l'action communautaire et sociale. C'tait dj l'opinion d'pictte et de Marc Aurle. C'est aussi dans cette perspective de l'agir qu'il faut comprendre la maxime goethenne N'oublie pas de vivre, car elle rsume l'extraordinaire amour de la vie que l'on peut observer chez Goethe.
Grand lecteur de Goethe, Pierre Hadot analyse ici comment le matre allemand se situe dans la longue tradition occidentale des exercices spirituels inspirs par la philosophe antique. Par cette pratique quotidienne, l'individu s'efforce de transformer sa manire de voir le monde afin de se transformer lui-mme.
l'instar des Anciens, Goethe croyait la ncessit de vivre dans le prsent, dans la sant du moment , de saisir le bonheur dans l'instant au lieu de se perdre dans la nostalgie romantique du pass ou du futur. Le dpassement du moi partiel et partial , la concentration sur l'instant prsent, le regard d'en haut , la perspective universelle sont autant de thmes, chers Pierre Hadot, que Goethe a abords.
En prenant à son compte la distinction que proposaient les stoïciens entre le discours sur la philosophie et la philosophie elle-même, Pierre Hadot a toujours placé au centre de ses préoccupations la philosophie en la concevant comme une métamorphose totale de la manière de voir le monde et d'être en lui.
En s'interrogeant notamment sur les « expériences de pensée » dans l'Antiquité, sur la figure de Socrate, sur la lecture que Michelet fait de Marc Aurèle, il montre de manière lumineuse que les Anciens concevaient la philosophie comme un mode de vie, comme un effort concret de transformation de soi par la méditation, comme un exercice spirituel de chaque instant vers la sagesse.
Réédition du grand classique épuisé de Pierre Hadot, véritable « livre culte », augmentée de la Leçon inaugurale au Collège de France et de divers articles, eux aussi introuvables, publiés dans des revues confidentielles.
En prenant à son compte la distinction que proposaient les stoïciens entre le discours sur la philosophie et la philosophie elle-même, Pierre Hadot a toujours placé au centre de ses préoccupations la philosophie en la concevant comme une métamorphose totale de la manière de voir le monde et d'être en lui.
En s'interrogeant notamment sur les « expériences de pensée » dans l'Antiquité, sur la figure de Socrate, sur la lecture que Michelet fait de Marc Aurèle, il montre de manière lumineuse que les Anciens concevaient la philosophie comme un mode de vie, comme un effort concret de transformation de soi par la méditation, comme un exercice spirituel de chaque instant vers la sagesse.
Réédition du grand classique épuisé de Pierre Hadot, véritable « livre culte », augmentée de la Leçon inaugurale au Collège de France et de divers articles, eux aussi introuvables, publiés dans des revues confidentielles.
Spécialiste du stoïcisme et de Marc Aurèle, Pierre Hadot a développé une vision originale de la philosophie antique entendue non comme un système mais comme un exercice préparatoire à la sagesse, un exercice spirituel. D'où notamment le titre de l'un de ses ouvrages « la philosophie comme manière de vivre ». On en trouvera ici l'illustration à travers des textes de diverses époques, souvent rares et parfois inédits, qui soulignent l'articulation existant entre le discours philosophique et sa mise en oeuvre pratique. Des modèles de bonheur proposés par les philosophes antiques aux écrits de Marc Aurèle en passant par la figure du sage dans l'Antiquité gréco-latine, ce recueil ouvre à l'homme d'aujourd'hui les chemins grâce auxquels, selon le mot de l'auteur, une philosophie toute orientée vers une forme de praxis lui permet de mieux réussir son engagement dans l'existence.
Après des études religieuses Pierre Hadot (1922-2010) a orienté ses recherches vers les philosophies de l'antiquité. Ses travaux originaux, sur le stoïcisme et Marc Aurèle ont assuré sa renommée et après plusieurs années comme directeur d'Études à l'École pratique des Hautes Études, il fut nommé professeur au collège de France, répondant ainsi aux voeux de Michel Foucault. Son oeuvre a acquis depuis une véritable aura et l'influence de sa pensée sur la réflexion contemporaine ne cesse de croître tant en France qu'à l'étranger.
En écrivant ses Pensées, Marc Aurèle bâtit en lui-même une citadelle inaccessible aux troubles des passions. Mais cette citadelle, où règne la sérénité, n'est pas une tour d'ivoire dans laquelle il se réfugierait en un égoïsme transcendant; elle est bien plutôt à la fois le haut lieu, d'où l'on accède à un immense champ de vision, et la base d'opérations qui permet d'agir au loin. Autrement dit, les Pensées sont le livre d'un homme d'action, qui cherche la sérénité, parce qu'elle est la condition indispensable de l'efficacité, et pour qui l'action humaine n'a de valeur profonde et durable que si elle s'insère dans la perspective du Tout de l'Univers et de la communauté de tous les hommes. Mais une telle attitude n'est autre que le stoïcisme lui-même, précisément sous la forme sous laquelle Epictète l'avait révélé à Marc Aurèle. Lorsque l'empereur s'efforce dans son livre de pratiquer trois disciplines fondamentales: voir la réalité telle qu'elle est, en se libérant de tout préjugé passionnel, accepter avec amour les événements tels qu'ils résultent du cours général de la Nature, agir au service de la communauté humaine, il ne fait rien d'autre que de s'exercer dans les trois parties de la philosophie telles qu'Epictète les avait définies. Les Pensées s'organisent autour de ce schéma ternaire. C'est pourquoi la présente introduction aux Pensées de Marc Aurèle pourra être lue en un certain sens comme une introduction au stoïcisme antique. N'y aurait-il pas finalement un stoïcisme éternel qui, à travers le temps et l'espace, serait l'une des attitudes possibles de la conscience humaine?
Pierre Hadot est depuis 1991 professeur honoraire au Collège de France. Ses recherches se sont concentrées tout d'abord sur les rapports entre hellénisme et christianisme, puis sur la mystique néoplatonicienne et la philosophie d'époque hellénistique. Elles se sont maintenant orientées vers une description générale du phénomène spirituel que représente la philosophie.
Soixante-cinq tableaux - réels ou fictifs ?- sont ici décrits par Philostrate, rhéteur du second siècle de notre ère et auteur de la très célèbre Vie d'Apollonios de Tyane. Dans ce texte fondateur, Philostrate institue un dialogue entre le critique et le spectateur, forçant ce dernier à participer à la scène, le plus souvent d'inspiration mythologique, que montre l'oeuvre peinte : ce procédé qu'utilise Diderot dans ses fameux Salons, vise, avec succès, à susciter l'émotion du visiteur. La Galerie de tableaux de Philostrate est plus qu'un document unique sur la peinture antique : elle a inspiré les plus grands artistes de la Renaissance, nourri la réflexion sur l'art d'auteurs tels que Goethe, et a, surtout, véritablement créé le langage de l'esthétique. Cette édition, qui reprend, en la corrigeant, la traduction d'Auguste Bougot publiée en 1881, est illustrée de quelques-unes des gravures maniéristes dont fut enrichie, en 1614, la première traduction française de cette oeuvre.
François Lissarrague est directeur de recherches au C.N.R.S. (Centre Louis-Gernet)
« La vie philosophique ne consiste pas uniquement dans la parole et l'écriture, mais dans l'action communautaire et sociale. C'était déjà l'opinion d'Épictète et de Marc Aurèle. C'est aussi dans cette perspective de l'agir qu'il faut comprendre la maxime goethéenne “N'oublie pas de vivre”, car elle résume l'extraordinaire amour de la vie que l'on peut observer chez Goethe. »
Grand lecteur de Goethe, Pierre Hadot analyse ici comment le maître allemand se situe dans la longue tradition occidentale des « exercices spirituels » inspirés par la philosophe antique. Par cette pratique quotidienne, l'individu s'efforce de transformer sa manière de voir le monde afin de se transformer lui-même.
À l'instar des Anciens, Goethe croyait à la nécessité de vivre dans le présent, dans la « santé du moment », de saisir le bonheur dans l'instant au lieu de se perdre dans la nostalgie romantique du passé ou du futur. Le dépassement du « moi partiel et partial », la concentration sur l'instant présent, le « regard d'en haut », la « perspective universelle » sont autant de thèmes, chers à Pierre Hadot, que Goethe a abordés.
Il est des livres dont on sort changé. C'est le cas de tous les ouvrages de Pierre Hadot, qu'il traitent de Marc Aurèle ou de Plotin,du stoïcisme ou de la mystique ; avec une érudition toujours limpide, ils montrent que, pour les Anciens, la philosophie n'est pas construction de système, mais choix de vie, expérience vécue visant à produire un "effet de formation", bref un exercice sur le chemin de la sagesse.
Dans ces entretiens, nous découvrons un savant admirable, dont l'oeuvre a nourri de très nombreux penseurs, mais aussi un homme secret, pudique, sobre dans ses jugements, parfois ironique, jamais sentencieux. En suivant Pierre Hadot, nous comprenons comment lire et interpréter la sagesse antique, en quoi les philosophies des Anciens, et la pensée de Marc Aurèle en particulier, peuvent nous aider à mieux vivre. Et si "philosopher, c'est apprendre à mourir", il faut aussi apprendre à " vivre dans le moment présent, vivre comme si l'on voyait le monde pour la dernière fois, mais aussi pour la première fois.