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Hélène L'heuillet
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Nous avons une véritable passion pour le vide, que nous redoutons autant qu'il nous attire.
D'un côté le vide inspire de l'horreur. Il faudrait tout combler, remplir et occuper par des occupations, des divertissements, du sens. Ni ennui ni vacance ne doivent prendre place dans nos vies, car se confronter au vide c'est faire l'expérience, douloureuse, du manque et de la perte.
D'un autre côté, nous pouvons rechercher le vide, temporairement, pour reprendre notre souffle, exercer notre pensée, ou bien y aspirer pleinement, en rejetant et en détruisant tout, en faisant table rase.
Prenant le vide comme un principe de notre rapport au monde, Hélène L'Heuillet montre que la passion du vide, ambivalente et contradictoire, fait de nous des êtres de violence, mais qu'elle est aussi la condition de tout désir et de l'expression de notre liberté, sans lesquels la vie ne vaudrait pas la peine d'être vécue. -
Une angoisse nous hante : être en retard. Nous vivons notre vie quotidienne, notre travail, l'éducation de nos enfants, et même nos vacances dans une telle crainte du retard que nous finissons par être en avance sur tout, par tout anticiper, et par fabriquer tant de précocité que le sentiment de vivre nous abandonne. Nous avons perdu le sentiment du temps, et avec celui-ci le sentiment de notre existence. Ce livre nous montre qu'il n'est pourtant pas difficile à retrouver. Être en retard, c'est faire l'école buissonnière, prendre des chemins de traverse, ne pas aller droit au but, c'est introduire d'infimes variations qui peuvent faire dérailler les rouages bien huilés de nos vies trop machinales. C'est finalement vivre. Face aux valeurs dominantes de nos sociétés modernes - fluidité, flexibilité, urgence et vitesse - et aux pathologies qui en découlent, le retard, un « laps » de temps qui nous permet de ressaisir notre condition temporelle, devient une véritable stratégie de résistance.
Hélène L'Heuillet est maître de conférences en philosophie à l'Université Paris-Sorbonne et psychanalyste. Elle a notamment publié, chez Albin Michel, Du voisinage. Réflexions sur la coexistence humaine (2016) et Tu haïras ton prochain comme toi-même. Les tentations radicales de la jeunesse (2018). -
Tu haÎras ton prochain comme toi-même ; penser la haine de notre temps
Hélène L'heuillet
- Albin Michel
- 1 Septembre 2017
- 9782226425768
Si la haine est une expérience psychique nécessaire - impossible de grandir ou de passer les étapes de la vie sans en faire l'expérience -, l'absence de refoulement de cet élan pulsionnel est dévastatrice pour la vie en société et pour soi-même. Or la haine s'invite de nos jours dans les dialogues, et surgit au moindre désaccord, entre voisins, dans le couple, dans la famille, au travail, et bien sur, de façon véhémente, en politique. Et ce nouveau discours de la haine produit nécessairement de nouvelles formes de violence.
Dans cet essai passionnant, Hélène L'Heuillet envisage les mouvements populiste et jihadiste comme des effets de ce nouveau rapport à la haine. Rien d'étonnant dès lors à constater qu'ils attirent ceux qui sont nés au sein même de ces discours, qui ont été socialisés par eux, bercés par leurs rengaines : les jeunes.
Qu'a-t-on dit, ou plutôt que n'a-t-on pas dit, à la jeunesse pour qu'elle soit séduite par le type de radicalité en jeu dans le populisme et dans le jihadisme ? Comment expliquer qu'elle désire à ce point la destruction ?
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Du voisinage ; réflexions sur la coexistence humaine
Hélène Lheuillet
- Albin Michel
- 1 Septembre 2016
- 9782226421142
Faute de terre en friche, d'île déserte ou de territoire vierge à habiter, plus rien ne sépare aujourd'hui les hommes. Nous sommes donc tous voisins.
Figure actuelle de l'altérité, le voisin n'est pas l'ami. On accueille l'ami chez soi tandis que l'on aborde le voisin sur le pas de sa porte. Le voisin n'est pas non plus le prochain, mais il l'a supplanté dans nos sociétés sécularisées. Il peut même devenir l'ennemi : au mieux, il n'inspire que froide indifférence, au pire, il suscite le déchaînement de la plus extrême violence.
Le voisinage est un lien par le lieu. Nous ne nous comportons pas de la même manière selon que nous avons affaire à un voisin d'en face, un voisin d'à côté, un voisin d'en haut ou un voisin d'en bas.
Savoir comment vivre et interagir avec son voisin sans tomber dans les pièges ravageurs du face-à-face constitue le principal défi d'une éthique du voisinage nécessaire dans une société de masse où, serrés les uns contre les autres, nous devons trouver le moyen de coexister. -
La psychanalyse est un humanisme
Hélène L'heuillet
- Grasset
- Nouveau collège de philosophie
- 18 Octobre 2006
- 9782246706892
Quand, il y a quelques années, fut célébré le centième anniversaire de la psychanalyse, celle-ci paraissait faire partie de notre univers culturel. Si la question de la qualité des praticiens était régulièrement posée, la légitimité de la psychanalyse elle-même ne semblait pas faire problème. Qui aurait pu imaginer qu?une dizaine d?années plus tard, nous serions revenus à une situation analogue à celle que connaissait Freud quand il écrivait ses Conférences d?introduction à la psychanalyse ? Certes, l?assaut, aujourd?hui, provient des neurosciences, de leurs découvertes et des effets pharmaceutiques de celles-ci, plus que de la psychiatrie traditionnelle, comme au temps de Freud. Le débat est pourtant toujours semblable. Qu?il existe des moyens toujours plus perfectionnés de calmer la douleur psychique n?empêche pas, en effet, qu?on se souvienne de la question socratique : comment prendre au mieux soin de soi-même ? Quel est le coût subjectif de la rééducation de soi prônée par le comportementalisme ? Quels sont les effets des psychotropes sur le désir d?un sujet ?
?La psychanalyse, comme thérapie et comme théorie est le seul domaine de la psychologie, aujourd?hui, qui prenne en compte ces interrogations. La divergence essentielle entre les différentes sortes de thérapie est d?ordre éthique. La psychanalyse prend le parti du sujet : c?est dans la parole de celui-ci, pour peu qu?on entende ce qui s?y dit, que se trouve la vérité de son désir. Voilà pourquoi elle est une des grandes aventures existentielles de la modernité, et la seule thérapie en accord avec l?humanisme.
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Basse politique, haute police ; une approche historique et philosophique de la police
Hélène L'heuillet
- Fayard
- Divers Histoire
- 25 Avril 2001
- 9782213647357
La police est un élément de la politique devenue rationnelle, mais elle n'est pas une forme de gestion ni même seulement une administration. Occupée de « tout ce qui ne va pas », la police est au contraire une sorte de résidu de la politique devenue rationnelle. Mais plus l'emprise du rationnel s'étend, plus ce qui ne va pas est multiforme, et plus la tâche de la police est indéterminée. Par là même, sa fonction est de composer : basse politique, elle ne l'est pas au sens d'une politique appliquée, mais d'une politique qui compose avec les circonstances.
Chargée de réaliser les conditions effectives de la politique, elle est un savoir et une intelligence de l'Etat. Elle doit prévoir, anticiper, protéger le politique en lui évitant les mauvaises surprises venues de la société. Si une telle fonction semble, du point de vue descriptif, correspondre à l'activité de renseignement, de collecte d'informations, voire de surveillance secrète de l'opinion publique, c'est que celle-ci est apparue comme fondatrice de la police dès la lieutenance de Paris. Dès cette époque, en effet, la police, créée par Louis XIV, est bien autre chose que la garde ou l'espionnage, mais une véritable clinique de la société, attentive à ses humeurs, proche de ses sentiments, instruite de tout ce qui s'y passe.
Agrégée et docteur de philosophie, enseignante d'IUFM, Hélène L'Heuillet est chargée de cours à l'université de Paris-X-Nanterre. -
Aux sources du terrorisme ; de la petite guerre aux attentats-suicides
Hélène L'heuillet
- Fayard
- Essais
- 1 Avril 2009
- 9782213647340
Le terrorisme ne porte pas seulement en puissance la destruction de notre monde, mais aussi celle de notre pensée. S'il constitue un défi pour le sens commun que nous conférons à la politique, c'est parce que son but n'est pas uniquement de réduire à l'impuissance les sociétés menacées par cette nouvelle forme de violence, mais de susciter le désarroi mental et psychologique des membres de celles-ci et de tous ceux qui sont pris dans sa logique que ce soit à titre d'acteurs, de spectateurs ou de victimes. Ce que l'on a appelé la « petite guerre », par opposition à la guerre classique et noble, ne se contente pas de faire périr des vies et des biens, mais vise à engourdir notre sens politique. Le terrorisme contemporain nous pose problème, et particulièrement le terrorisme islamiste. On peut chercher à « démythifier Al-Qaïda » et arguer que les « Tigres noirs » tamouls commettent aussi des attentats-suicides, néanmoins, à l'heure actuelle aucune forme de terrorisme n'a autant qu'Al-Qaïda la puissance d'engendrer la peur.
Au lieu de nous réveiller de notre somnolence, nous préférons bien souvent le déni de cette réalité, car sa prise en compte semble toujours suspecte de collaboration avec la police et de justification d'un discours sécuritaire. Pourtant quelque bonne intention qui anime un déni, c'est toujours un déni. Echapper à ce déni requiert une relecture de l'histoire des guerres et des révolutions, des idées nihilistes et anarchistes, et un éclairage psychanalytique du déferlement contemporain de la pulsion de mort.
Maître de conférence en philosophie à l'université de Paris-Sorbonne, Hélène L'Heuillet est psychanalyste et membre de l'Association lacanienne internationale. Elle a obtenu, pour son livre Basse politique, haute police (Fayard, 2001), le prix Gabriel Tarde de l'Association française de criminologie. -
Traverser la folie : Entretiens avec Hélène L'Heuillet
Marcel Czermak, Hélène L'heuillet
- Hermann
- 10 Mai 2021
- 9791037015174
« On peut concevoir l'être humain sous la dimension de la faille, du bazar, du dégât. Le désastre est là comme une composante inexorable de toute parole, de tout amour, de toute action publique », affirme Marcel Czermak. Le présent livre interroge ce que parler fait de nous - êtres soumis au langage et aux époques dans lesquelles nous vivons. C'est encore plus aux psychiatres et aux psychanalystes de le savoir et de l'entendre, précisément depuis ce risque de la parole, sans doute parce que l'expérience clinique est un subtile mélange de pratique et de théorie qui permet à la science d'avancer.
La philosophe et psychanalyste Hélène L'Heuillet dialogue avec Marcel Czermak, figure de la psychiatrie et de la psychanalyse françaises. Né pendant la Seconde Guerre mondiale et interlocuteur de Lacan, fondateur de l'École psychanalytique de Sainte-Anne, Marcel Czermak revient sur les fondamentaux de l'expérience clinique et du travail avec la psychose, indissociable du monde politique dans lequel il prend à chaque fois place.