Les conflits sociaux s'appuient sur des « armes matérielles » et notamment sur les technologies de communication qui, dès leur genèse, y ont joué un rôle central. Les politiques du conflit reposent ainsi sur une variété de médias qui, aujourd'hui, relèvent assez largement de l'informatique connectée, de plus en plus portable et mobile. De la Révolution bolchévique aux Indignados, de la lutte de libération algérienne aux Révolutions arabes, en passant par les groupes Medvedkine ou Radio Alice, cet ouvrage rend compte de la rencontre entre technologies médiatiques et luttes sociales. Il s'agit, d'une part, de relativiser le caractère supposé inédit de l'usage des technologies de communication par les mouvements sociaux contemporains et, d'autre part, d'entrer dans le détail de ce que ceux-ci font des outils numériques les plus récents qui supportent leurs activités essentielles tout en déplaçant, parfois, certaines de leurs « manières de faire ».
En réaction à la concentration de la production dinformation entre les mains de puissants conglomérats de presse, un « médiactivisme » sest développé tout au long du XXe siècle jusquà nos jours.Dès lorigine, il a pris deux voies parallèles : celle dun combat contre lhégémonie culturelle des médias traditionnels, et celle de la production dun autre type dinformation, sur des bases militantes, locales ou communautaires. Alternatif ou militant, ce médiactivisme na cessé de sadapter aux mutations de lespace journalistique et du répertoire de laction collective.Cette histoire des médias alternatifs depuis les années 1960 met en lumière la grande diversité des expériences, quil sagisse de la création de journaux révolutionnaires, de médias communautaires, de radios libres, dagences de presse dans les pays du Sud, ou, plus récemment, dun activisme qui sexprime sur internet.
Cet ouvrage retrace l'histoire de recherches sur la naissance de l'évocation chez l'enfant, à travers ses premiers gestes mimant l'utilisation d'objets dans ses jeux symboliques spontanés. Sont analysés les ouvrages de langue française, les recherches soviétiques et américaines. À partir de 1970, de nombreux travaux anglo-américains se centrent soit sur les premières conduites de référence apparaissant, en particulier, dans les jeux partagés entre mère et enfant ; soit sur les conduites d'évocation gestuelle, dans des situations maintenant mieux définies qu'autrefois. Cette première forme gestuelle d'évocation étant construite, d'ailleurs doublée de vocalisations ayant valeur de marqueurs, l'enfant se donne des moyens plus économiques : la représentation ou image mentale ; et l'utilisation de la langue. Il existait beaucoup de synthèses sur le début du langage. Il manquait une vue d'ensemble sur la période du développement de la représentation imagée. C'est ce que tente d'apporter la deuxième partie de cet ouvrage.
Pour la première fois, la guerre en ex-Yougoslavie est vraiment racontée par ceux qui l'ont vécue. Pendant six mois, Médecins du Monde a recueilli des témoignages de plus de cent vingt victimes, croates, bosniaques et serbes. Ces témoignages sont autant de drames individuels, qui nous renvoient le récit vivant, souvent bouleversant, de ces trois dernières années de conflit. Replacés dans leur contexte historique, géopolitique et militaire, ils traduisent aussi la destinée de tout un peuple. Des récits à la première personne, indispensables pour mieux comprendre la plus grave crise européenne depuis 1945.
Un ouvrage dirigé par Marie-Christine Granjon.
L'oeuvre de Michel Foucault, à l'écart des modes intellectuelles de son temps, et à la croisée de la philosophie et de l'histoire, ne propose ni vision globale du monde ni théorie générale de la société. De l'histoire de la folie à l'histoire de la sexualité, ses recherches ont une double ambition: saisir des phénomènes concrets à travers la généalogie de pratiques singulières, d'une part; procéder à une critique rétrospective de notre temps en dévoilant l'historicité de nos catégories de pensée, avec leur part de contingence, d'arbitraire et de pseudo-évidences, d'autre part. Loin du déterminisme anhistorique, du pessimisme ontologique ou du nihilisme qu'on lui a prêtés, Foucault délivre un message optimiste: nous pouvons transformer et améliorer notre sort dès lors que nous avons saisi les dispositifs de savoir et les mécanismes de pouvoir qui nous ont constitués en objet d'investigation et de manipulation. L'histoire est, surtout pour le dernier Foucault (1980-1984), un instrument de démystification de la fatalité, un révélateur d'indétermination et, somme toute, de liberté.
Foucault a lui-même invité ses lecteurs à utiliser ses travaux comme autant de «boîtes à outils », susceptibles de fournir des instruments d'analyse des systèmes de pouvoir. Les usages privilégiés par ceux qui, dans ce volume, se réclament de son oeuvre sont de trois ordres : usages philosophiques ou théoriques, de la part de ceux qui envisagent son oeuvre sous l'angle d'une nouvelle théorie critique qui aurait succédé à celle de Marx ou de l'École de Francfort ; usages heuristiques, de la part de ceux qui empruntent à Foucault concepts et hypothèses dans le but d'en tester le bienfondé, données factuelles ou enquêtes de terrain à l'appui, et contribuent ainsi à la connaissance ou à l'explication de faits historiques, sociaux et politiques ; usages pratiques ou politiques, de la part de ceux qui trouvent dans la «boîte à outils» les moyens d'établir un diagnostic de notre époque et de notre pensée, une lecture critique de nos pratiques indissociablement sociales et politiques, privées et publiques, voire un nouveau modèle d'intellectuel engagé.