Filtrer
Rayons
Éditeurs
Langues
Gabriel De Guilleragues
-
Lettres portugaises
Gabriel-Joseph Guilleragues
- Flammarion
- GF Flammarion Litterature Francaise
- 13 Avril 2010
- 9782081236967
En 1669 paraît un recueil de cinq lettres signées d'une religieuse portugaise : elle s'adresse, éperdue, à son amant infidèle, qui l'a abandonnée. Le succès est immédiat et immense - d'emblée, le livre s'impose comme un modèle de correspondance amoureuse. Pendant longtemps, cependant, la polémique fait rage : s'agit-il d'une fiction, comme le soutient Rousseau, ou de lettres authentiques ? Il aura fallu presque trois siècles pour que le texte soit rendu à son genre, le roman épistolaire, et à son véritable auteur, le poète et diplomate Guilleragues. Lamento de l'amour pur, les Lettres portugaises ont marqué et intrigué d'innombrables écrivains, de Saint-Simon à Guy Goffette, en passant par Stendhal et Rilke, qui les traduisit en allemand et en fit l'éloge suivant : "Les paroles de cette religieuse contiennent le sentiment tout entier, ce qu'il a d'exprimable et ce qui est en lui indicible. Et sa voix est pareille à celle du rossignol, laquelle n'a pas de destin."
Dossier :
1. Roman ou réalité ? L'épineuse question de la réception
2. Suites et réécritures
3. La lettre, une poétique féminine et galante
4. Lettres de femmes abandonnées -
Lettres portugaises
Gabriel De Guilleragues, Gabriel De Guilleragues
- Bibebook
- 14 Mars 2013
- 9782824703909
J'eusse été trop heureuse, si nous avions passé notre vie ensemble : mais puisqu'il fallait qu'une absence cruelle nous séparât, il me semble que je dois être bien aise de n'avoir pas été infidèle, et je ne voudrais pas pour toutes les choses du monde, avoir commis une action si noire : Quoi ? vous avez connu le fond de mon coeur, et de ma tendresse, et vous avez pu vous résoudre à me laisser pour jamais, et à m'exposer aux frayeurs, que je dois avoir, que vous ne vous souvenez plus de moi, que pour me sacrifier à une nouvelle Passion ? Je vois bien que je vous aime, comme une folle : cependant je ne me plains point de toute la violence des mouvements de mon coeur, je m'accoutume à ses persécutions, et je ne pourrais vivre sans un plaisir, que je découvre, et dont je jouis en vous aimant au milieu de mille douleurs : mais je suis sans cesse persécutée avec un extrême désagrément par la haine, et par le dégoût que j'ai pour toutes choses ; ma famille, mes amis et ce Couvent me sont insupportables ; tout ce que je suis obligée de voir, et tout ce qu'il faut que je fasse de toute nécessité, m'est odieux : je suis si jalouse de ma Passion, qu'il me semble que toutes mes actions, et que tous mes devoirs vous regardent : Oui, je fais quelque scrupule, si je n'emploie tous les moments de ma vie pour vous ; que ferais-je, hélas ! sans tant de haine, et sans tant d'amour, qui remplissent mon coeur ?