Robin des bois volant aux riches pour donner aux pauvres, telle est la figure légendaire du " bandit social " : hors-la-loi pour le souverain ; vengeur, justicier et héros aux yeux de la société paysanne. Des haïdoucs, bandits des Balkans, aux cangaçeiros du Brésil, en passant par Jesse James et Billy the Kid, Eric J. Hobsbawm retrace ici l'histoire mouvementée du banditisme social. Il inscrit le destin de ces marginaux dans l'étude des structures économiques et sociales qui conditionnent leur apparition, établissant notamment un lien entre les " épidémies de banditisme " et des phases intenses de crise économique. Le personnage du bandit apparaît comme le masque de communautés paysannes réagissant à la destruction de leur mode de vie, entre criminalité organisée et mobilisation politique. Hobsbawm décèle dans l'histoire des bandits l'une des généalogies primitives des mouvements sociaux. Jusqu'à aujourd'hui, la question du bandit demeure : comment, pour des révoltés, passer de la délinquance à la politique ?
Voici la nouvelle édition de cet essai magistral qui a été traduit en plus de vingt langues.
Le présent ouvrage fait suite à l'opus magnum de l'historien Eric J. Hobsbawm : la trilogie consacrée au "long dix-neuvième siècle" avec L'Ère des révolutions, L'Ère du capital et L'Ère des empires.
L'Ère des extrêmes couvre ainsi la période de 1914 à nos jours, que l'auteur baptise "le court vingtième siècle", où le monde a été déchiré par deux guerres mondiales qui ont fait des millions de morts et balayé des systèmes entiers de gouvernement. Le communisme s'est d'abord imposé comme une foi messianique avant de connaître un effondrement ignominieux. Les paysans sont devenus des citadins, les ménagères des travailleuses et, de plus en plus, des responsables. L'alphabétisation s'est généralisée alors même que les nouvelles technologies menaçaient de rendre l'imprimé obsolète. Et les forces motrices de l'histoire se sont déplacées de l'Europe vers ses anciennes colonies.
Seul un historien doué d'un souffle et de talents narratifs comparables à ceux de Hobsbawm pouvait brosser ce tableau de "l'Ère des extrêmes" - des extrêmes dans la destruction comme dans la création. Divisant le siècle en trois temps : l'Ère des catastrophes (1914 à 1945) ; l'Âge d'or (1947 à 1963) et la Débâcle (1973 à nos jours), l'auteur mobilise tous les domaines du savoir, se faisant tour à tour historien, sociologue, économiste, philosophe et même moraliste pour tracer le portrait d'une ère dont les révolutions nous ont transformés plus profondément qu'aucune autre période depuis l'Âge de pierre.
Loin de tous les dogmatismes, marxistes ou libéraux, cet ouvrage, qui est aussi le bilan d'une vie de "spectateur engagé", a été salué dans le monde entier, et de tous les horizons intellectuels et idéologiques, comme un chef-d'oeuvre à ce jour sans équivalent.