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Dans notre société où l'utilitarisme a détrôné toutes les autres valeurs, la poésie latine fait figure d'antidote : d'abord parce qu'elle ne sert à rien ; et puis parce qu'elle nous oblige à nous arrêter de nous affairer, à prendre le temps de vivre.
C'est exactement ce à quoi Les Fumées du Falerne d'or nous convient : au loisir, à la pause spirituelle, à la suspension du trouble que génèrent nos vies. Pour s'assoir un instant à l'ombre d'un pin, sous le crissement des cigales, nez à nez avec une fille d'auberge, une coupe de cristal à la main. Ou bien alors renifler les vapeurs de quelques liqueurs venues des dieux et que tout l'or du monde ne saurait remplacer.
Danielle Porte, avec son humour légendaire, a choisi et traduit des vers de poètes latins, de Plaute à Ausone en passant par Virgile, Ovide et tous ces poètes inconnus, injustement condamnés à errer dans les couloirs du temps, l'âme en peine, d'avoir subi les ravages des choix littéraires de leur époque.
La visée de ce recueil n'est pas de choquer dans les foyers, faisant la démonstration d'une Rome dépravée, comme c'est souvent le cas depuis quelques décennies, lorsque l'on parle de poésie en latin. Danielle Porte a voulu un bréviaire de l'éternel, où nous, lecteurs si lointains, nous touchions du doigt un autre monde, celui des Anciens. Et c'est grâce à de très belles traductions que nous découvrons dans les Romains nos alter ego, l'espace d'un poème, où plus rien ne semble séparer nos destins.
En fait, ce qui se dévoile au lecteur, c'est un héritage, celui d'une culture, qui, malgré le vent et la marrée, fait son chemin jusqu'à nous, inéluctablement.