En 1842, Karl Marx publie une série d'articles concernant les débats à la Diète rhénane à propos du vol de bois. Droit de propriété, liberté de la presse, rapport du délit à la peine : tels sont les enjeux de ces articles. L'essor du capitalisme entraînait alors un déplacement de la ligne de partage entre le droit coutumier des pauvres (glanage ou ramassage du bois mort) et le droit de plus en plus envahissant des propriétaires. Deux ans plus tôt, le fameux pamphlet de Proudhon Qu'est-ce que la propriété ? avait fait scandale en s'en prenant aux justifications libérales de l'appropriation privée.
Plus d'un siècle et demi plus tard, les controverses en cours sur le brevetage du vivant, la propriété intellectuelle, le droit opposable au logement, etc., donnent aux questions théoriques et juridiques soulevées à l'époque une troublante actualité. À partir d'une lecture des articles de Marx, Daniel Bensaïd revient sur les sources philosophiques du débat pour en dégager les enjeux actuels. Aujourd'hui comme hier, les dépossédés se soulèvent contre la privatisation du monde et la logique glaciale du calcul égoïste.
Daniel Bensaïd enseignait la philosophie à l'université Paris VIII Saint-Denis. Il a notamment publié à La Fabrique une présentation de Sur la Question juive, de Karl Marx ainsi que Tout est encore possible !
Des controverses théoriques aux épreuves historiques, en passant par la double répression fasciste et stalinienne, la politique singulière de l'entrisme, c'est l'aventure de ceux et celles qui ont cherché avec passion à sauver l'honneur du communisme révolutionnaire qui est ici retracée.Tributaire d'une expérience personnelle, cet essai s'en tiendra aux grandes controverses ayant agité les mouvements trotskystes en Europe, en Amérique du Nord et Amérique latine. Certains courants issus de ce combat sauront-ils réinvestir leur expérience et leur mémoire dans une situation nouvelle ? Si le monde n'est pas une marchandise que doit-il être et que voulons-nous en faire ?
Moi, la Révolution, le coup de colère d'une victorieuse défaite, mangeuse d'hommes et femme à histoires. Un voyage passionné à travers les enjeux idéologiques de 1789 et de ce qu'on en retient.
En 1989, la Révolution venait hanter son bicentenaire. Prenant à partie sur le mode du tutoiement sans-culotte le citoyen-président, elle s'emporte contre ces festivités officielles dont elle se sent la grande absente, escamotée sur fond de conversion au réel et de régression des utopies. Contre ceux qui la voudraient terminée, cette éternelle dissidente se proclame infinie, et réplique : en finir avec Thermidor !
Irrévérencieuse et querelleuse, elle chemine entre passé et présent avec des compagnons d'infortune inattendus – Jeanne d'Arc et Charles Péguy notamment – et se livre à son examen de conscience, discutant des Droits de l'homme et de la Terreur, de la République et du Progrès, de l'Argent et de la Morale...
Daniel Bensaïd, philosophe et militant, politique et poète, indocile comme les causes qui l'animaient, inclassable comme les irréguliers qu'il défendait, est un passeur pour toutes celles et tous ceux qui ne se rendront jamais à l'ordre des choses et du monde, à ses injustices et à ses mensonges. Son parti pris des révoltes fondatrices, insaisissables et imprévisibles, est une invite à découvrir les inépuisables émancipations qu'elles appellent.
Directrice de recherches au CNRS et auteure d'une trentaine d'ouvrages, Arlette Farge a reçu en 2016 le prix international Dan David. Elle signe la préface.
Le capitalisme est malade. Les anticapitalistes ne sont plus les seuls à le diagnostiquer. Il y a encore quelques mois, les tenants du nouvel ordre mondial n'avaient pas de mots assez flatteurs pour vanter les mérites indépassables de l'économie de marché. Si c'est la soupe à la grimace pour tous ceux - patrons, banquiers et spéculateurs - qui ont vu leurs avoirs fondre comme neige au soleil, la situation est autrement dramatique pour nous, simples salariés. Le monde est entré en récession à l'automne 2008. Chacun sait, chez les travailleurs, les retraités, les chômeurs, au sein des familles, que des nuages noirs s'accumulent à l'horizon, et que nous allons payer la débâcle du système.
L'exaspération sociale gronde. Elle peut gronder plus fort encore à la base de la société. Au sommet, dans les sphères économiques et politiques, les stratèges du capitalisme ne sont pas d'accord entre eux. Mais le président Sarkozy et le Medef s'entendent à continuer leur casse sociale... Pour nous, pas d'hésitation : nous combattons le modèle défaillant de la contre-réforme néolibérale.
Renverser le capitalisme, nous le voulons. Pour bâtir une nouvelle société, solidaire et réellement démocratique, nous sommes déterminés à ne plus subir, à nous regrouper et à prendre parti.
La politique est d'abord affaire d'espace et de temps. Chaque époque se définit ainsi par les coordonnées spatiales et temporelles qui s'imposent aux hommes et déterminent leur liberté d'agir. Tel est le point de départ de cet essai, tourné vers la compréhension des conditions dans lesquelles nous pouvons prétendre changer le monde.
A quoi assistons-nous aujourd'hui? Les espaces de l'économie, de l'écologie, du droit, de l'information se chevauchent et se contrarient. Les temps de la production, de la circulation, des messages s'enchevêtrent et se contredisent. Dans ce dérèglement général, les repères familiers de la souveraineté et de la représentation se dérobent, les promesses de progrès s'obscurcissent. Ces métamorphoses appellent une redéfinition de l'échelle et des rythmes de l'action publique.
Suspendue entre " déjà plus " et " pas encore ", l'époque hors de ses gonds connaît une transformation des procédures guerrières. Elle voit naître une nouvelle figure de l'étranger. Elle s'égare devant l'énigme géopolitique de l'" humanité européenne ". Agir au plus près de ce monde nouveau, sans les garanties illusoires de la Providence divine, de l'Histoire universelle ou de la Science toute-puissante, exige un sens profane de la responsabilité indissociablement éthique et politique. Aux certitudes de la foi ou de la raison succèdent les incertitudes humaines du parieur mélancolique, compagnon de jeu de Pascal et de Mallarmé. Car il est mélancolique, et pourtant nécessaire, ce pari sur les possibles contre le sens unique du réel et la résignation à ses contraintes.
Daniel Bensaïd est maître de conférences de philosophie à l'université de Paris-VIII. Il a publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels Walter Benjamin, sentinelle messianique (1990), Jeanne, de guerre lasse (1991), Marx l'intempestif (1995), La Discordance des temps (1995).
Sous la plume de Daniel Bensaïd, nous revient une figure familière, suspendue entre histoire et légende : Jeanne d'Arc. Du 8 mai, anniversaire de son triomphe, au 30 mai, anniversaire de son supplice, Jeanne s'en vient ainsi visiter notre époque incertaine où s'émoussent les convictions et renaissent les fanatismes. Vingt-trois nuits de dialogue complice et enchanteur, où s'entremêlent politique et philosophie, foi et hérésie, droit et force, guerre et paix. Vingt-trois, comme les heures d'une journée trop tôt interrompue d'une vie inachevée.
" Je l'ai entendue comme je vous entends. Haute et intelligible. Tristement moqueuse. Joyeusement mélancolique " : cette voix de Jeanne d'Arc que Daniel Bensaïd nous fait entendre, traversant les parois du silence, de la résignation et de la défaite, c'est la sienne, toute de lucidité et d'humour, d'élégance et de volonté. Et c'est peu dire qu'elle nous revigore.
Voici un grand livre qui éclaire une oeuvre encore trop méconnue. C'est celle du regretté Daniel Bensaïd (1946-2010) qui restera comme un exemple pour celles et ceux qui ne se rendront jamais à l'ordre des choses et du monde, à ses injustices et à ses mensonges.
En 1991, "de guerre lasse', ce marxiste révolutionnaire décidait donc de se tourner vers Jeanne d'Arc pour retrouver le fil de l'espérance, l'érigeant en figure de la résistance universelle qui anime la grande fraternité des vaincus. Un an plus tôt, en 1990, il était parti sur les pas de Walter Benjamin, "sentinelle messianique' interpellant les faux prophètes d'une fin de l'histoire. Et en 1989, il s'était fait porte-voix d'une Révolution qui venait hanter son bicentenaire à la mode sans-culotte, irrévérencieuse et querelleuse.
Trois livres en trois ans pour faire face à la contre-réforme néo-libérale qui s'apprêtait à piétiner l'exigence démocratique et sociale, alors même que, de 1989 à 1991, s'effondrait le socialisme étatique dont Daniel Bensaïd et les siens, opposants de gauche au stalinisme, n'avaient cessé de dénoncer l'imposture. Trois livres qui disaient le tournant d'une époque et les tourments d'un homme déterminé à en relever les défis et à en affronter les difficultés.
Pour sauver l'idéal, les résolutions programmatiques et les tactiques organisationnelles ne suffisaient plus : il fallait en retrouver l'inspiration originelle, en donnant vie et force à un imaginaire mobilisateur, associant remémoration du passé et rédemption du présent.
Edwy Plenel
« Ce livre n'a d'autre ambition que d'aider à comprendre un itinéraire politique et philosophique, après le désastre du stalinisme, à l'époque de l'apothéose marchande, lorsque les hiéroglyphes de la modernité livrent leurs secrets au grand jour. » Philosophe et militant de la Ligue communiste, Daniel Bensaïd revient sur un parcours où l'individuel et le collectif interfèrent sans cesse. Alternant le « je » et le « nous », les souvenirs singuliers et les expériences partagées, il inscrit sa trajectoire personnelle, assumée sans complaisance, dans une histoire politique qui commence au milieu des années 1960. Des années de formation toulousaines dans le bistro familial « rouge vif » à la fondation des Jeunesses communistes révolutionnaires, des débats à l'ENS de Saint-Cloud aux meetings de Nanterre, de « l'affaire non classée » de 1968 à l'expérience douloureuse des luttes en Argentine, de la relecture de Marx à la « piste marrane », des combats d'hier à ceux d'aujourd'hui, il raconte une révolte obstinée qui a dû apprendre la durée. Une lente impatience, tendue entre action et réflexion, qui se révèle aussi dans le plaisir d'une écriture vive.
« Voilà un an, Lionel voulait changer l'avenir. Les privatisations ? C'était du passé. Les lois Debré-Pasqua ? À la trappe ! La Sécurité sociale ? Il fallait en finir avec le plan Juppé. Les inégalités ? Insupportables. L'Europe ? Il posait fermement ses conditions. Aujourd'hui, Jospin Premier ministre gouverne. Dans le calme. L'Europe du capital continue. Les chômeurs n'ont qu'à attendre que les riches deviennent encore plus riches ! Le marché triomphe et la précarité s'étend. Mais attention, si rien ne change, ceux qui ont semé la misère récolteront la tempête. »
Un mal hante l'époque : la manie compulsive de juger. Tout le monde semble vouloir juger tout le monde, comme si cette escalade judiciaire était de nature à pallier l'obscurcissement de la politique et l'affaissement du civisme.
Pourtant, qu'il s'agisse des grands procès pour crime contre l'humanité ou de l'expérience des tribunaux pénaux internationaux, le jugement sonne faux. Sa justice manque de justesse.
Des événements récents à fort retentissement médiatique permettent de prendre la mesure du problème. L'affaire Pinochet : à quelles conditions l'humanité peut-elle devenir source de droit et comment juger les dictateurs ? Les procès pour crime contre l'humanité : quel usage en faire, quand sa définition évolue tant ? Le procès Papon : comment, cinquante ans après, démêler les faits, distinguer les responsabilités individuelles de celles de l'Etat ? La table ronde des historiens organisée par le journal Libération pour soumettre à l'examen les accusations de Gérard Chauvry contre Lucie et Raymond Aubrac : peut-on éviter que l'expertise historique dégénère en instruction ?
Ce malaise n'est pas seulement celui du droit, il est tout autant celui de l'histoire : plutôt que d'accepter la fragile incertitude du jugement humain, la tentation reste forte en effet d'en appeler à de vieux fétiches majuscules, l'Histoire ou l'Humanité, de glisser du jugement historique toujours en appel au tribunal définitif de l'Histoire.
Contre cette tentation, je me suis efforcé tout au long de ce livre de définir les conditions politiques d'un juste exercice du jugement en matière historique, où mémoire, deuil et oubli contribuent chacun à sa façon à l'institution d'une société conscience et responsable.
Daniel Bensaïd est maître de conférences de philosophie à l'université Paris-VIII. Il a publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels Walter Benjamin, sentinelle messianique (1990), Jeanne, de guerre lasse (1991), Marx l'intempestif (1995), La Discordance des temps (1995), Le Pari mélancolique (1997).
L'effondrement des dictatures de l'Est européen n'est pas seulement une bonne nouvelle politique. C'en est une aussi pour la pensée, et notamment pour la tradition critique qui, depuis des siècles, travaille à mettre au jour le fondement du règne de la marchandise. Marx fut longtemps considéré comme le plus perspicace analyste de ce pouvoir-là. Et puis le dogmatisme s'empara de sa légende, lui construisit un mausolée, et annexa son oeuvre.Que l'on n'attende pas pour autant de ce livre la révélation d'une pensée pure, enfin débarrassée de ses scories politiques. Car à y regarder de près, il apparaît clairement que Marx aura passé sa vie à se chamailler avec son ombre, à se débattre avec ses propres spectres. Et il s'agit bien moins ici d'opposer un Marx originel à ses contrefaçons que de secouer le lourd sommeil des orthodoxies afin de dégager la cohérence théorique d'une entreprise critique dont l'actualité ne fait pas de doute: le fétichisme marchand n'a-t-il pas conquis jusqu'aux confins de la planète?En montrant d'abord ce qu'à coup sûr la pensée de Marx n'est pas: ni une philosophie de la fin de l'histoire, ni une sociologie empirique des classes annonçant l'inévitable victoire du prolétariat, ni une science propre à mener les peuples du monde sur les chemins de l'inexorable progrès. Ces trois critiques _ de la raison historique, de la raison économique, de la positivité scientifique _ se répondent et se complètent. Elles sont au coeur de l'entreprise critique de Marx, et forment donc logiquement l'armature de ce livre.En expliquant ensuite, et du même mouvement, à quoi peut servir aujourd'hui la relecture des grands textes (Le Capital surtout), en quoi ils contribuent à répondre aux interrogations contemporaines sur le sens de l'histoire et la représentation du temps, sur le rapport qu'entretiennent les contradictions sociales et les autres modes de conflictualité (selon le sexe, la nationalité, la religion), sur la validité du modèle scientifique dominant, ébranlé par les pratiques scientifiques elles-mêmes.De ce Marx intempestif _ n'hésitant pas à rompre en son temps avec les canons scientifiques et politiques les plus largement partagés, ressuscité quand on croyait ses cendres définitivement dispersées _, il fallait dresser le bilan après inventaire. Voilà qui est fait avec science, esprit de suite et verve critique.Daniel Bensaïd est maître de conférences de philosophie à l'université de Paris-VIII. Il a publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels: Moi, la Révolution, remembrances d'un bicentenaire indigne (Gallimard, 1989), Walter Benjamin, sentinelle messianique (Plon, 1990), Jeanne, de guerre lasse (Gallimard, 1991), La Discordance des temps (Editions de la Passion, 1995).
Quand Marx écrit
Sur la question juive
en 1843, il a vingt-cinq ans. En répondant à
La Question juive
de Bruno Bauer, chef de file des «Jeunes hégéliens», il intervient dans le débat qui bat alors son plein sur les droits civiques des juifs dans «l'État chrétien». Mais cette controverse n'est pour lui que l'occasion d'élargir le débat à la question des rapports entre l'émancipation limitée aux droits politiques et «l'émancipation humaine», entre l'aliénation religieuse et l'aliénation sociale. La question juive n'est donc ici que le révélateur d'une grande question de la modernité marchande, celle du « dédoublement » entre la société civile et l'État, entre l'homme et le citoyen, entre le privé et le public.
L'article de Marx a suscité bien des polémiques. Il fut la pièce à conviction d'un procès absurde et anachronique pour «antisémitisme», instruit notamment par Robert Misrahi. D'autres ont cru voir dans la critique, non celle des droits de l'homme, mais de leurs limites à une époque donnée, «un manuel de l'apprenti dictateur». Plus sérieusement, des auteurs se réclamant de l'héritage théorique de Marx lui ont reproché son incompréhension du rôle de la question nationale comme médiation entre émancipation politique et émancipation humaine. Dans une présentation de Sur la question juive (publié ici dans une nouvelle traduction) et dans un retour critique sur la controverse, Daniel Bensaïd, spécialiste de l'oeuvre de Marx, répondent à ces interpellations.
Il actualise la polémique contre les «nouveaux théologiens» (Jean-Claude Milner, Benny Lévy, Alain Finkielkraut). Alors que pour Marx, le peuple juif s'est maintenu «dans et par l'histoire», ces derniers renvoient l'existence juive à l'éternité biblique et à l'irréductible singularité du peuple élu. Alors que Marx veut « transformer les questions théologiques en question profane », ils rebroussent le chemin et transforment une question sociale et historique en question théologique. Signe inquiétant de temps obscurs.
Deux annexes inédites en français complètent le dossier de Sur la question juive : un article de Bruno Bauer de 1843 et un texte de Roman Rosdolsky sur Engels et la question juive en 1848.
Dans les années 1980, en pleine offensive néolibérale, le magazine Newsweek pouvait titrer, triomphalement : " Marx est mort. "Mais les spectres ont la peau dure. Aujourd'hui, Marx est de retour. En ces temps de crise fracassante du capitalisme et de grande débandade idéologique, on le redécouvre.Qui fut Marx ? Qu'a-t-il vraiment dit ? Ce petit ouvrage offre une introduction ludique à sa pensée, sa vie, son oeuvre. Un panorama clair et souvent drôle qui associe bande dessinée et philosophie, humour et esprit de synthèse pour présenter dans toute son actualité la pensée du principal théoricien de l'anticapitalisme.Marx est resté célèbre pour son explication des contradictions et des crises du capitalisme. Pour la connaître, on suivra le roman policier du Capital : à la recherche de la valeur perdue, on retracera les mécanismes de l'accumulation du capital jusqu'à percer le secret du fétichisme de la marchandise.À la fois aide-mémoire, cours d'introduction et lecture récréative, Marx, mode d'emploi offre une petite trousse à outils pour la pensée et pour l'action.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
« Pour les militants révolutionnaires qui l'ont voulu et préparé, le mois de mai 1968 n'est que l'affleurement d'un processus permanent de luttes, qu'un jalon posé, qu'une répétition générale où les forces d'avant-garde à peine sorties du giron stalinien ont fait leurs premières armes. Pour eux, Mai est aussi l'occasion de vérifier ou de mettre à jour la théorie révolutionnaire. Comprendre, par-delà les tentatives d'explications sociologiques, le rôle du mouvement étudiant et de son avant-garde, entrevoir ce qui était possible en mai (la constitution d'un double pouvoir) et ne put s'y actualiser, se préparer, politiquement et organisationnellement, à donner à mai les lendemains qu'il mérite, ce sont les tâches des militants... »