La France et l'Algérie ont eu une histoire commune durant plus de 130 ans. Cette histoire commence et se termine par une guerre. La première de ces guerres est déclenchée par un incident diplomatique : un « coup d'éventail » infligé par le dey d'Alger au consul de France. S'en-suit une expédition punitive qui aboutit à une occupation, une prise de possession et enfin une appropriation tant militaire que politique, éco¬nomique et culturelle.
À partir de recherches algériennes et françaises, Colette Zytnicki analyse ce court laps de temps, entre 1830 et 1848, où les ferments de la tragédie algérienne se mettent en place. Il n'y avait, dans la colonisa¬tion de l'Algérie, aucun plan préétabli. Pourtant, en moins de vingt ans, la France conquiert la régence d'Alger et obtient, le 23 décembre 1847, la reddition de l'émir Abdel Kader. En 1848, au terme d'années de guerre, de violences et d'expropriations, ces terres forment trois départements français déjà peuplés de colons.
Au cours des deux derniers siècles, la France a eu vocation à être une terre d'accueil pour les différentes vagues d'immigration des populations contraintes à l'exil économique ou politique. Les vagues successives de l'immigration juive entre le XVIIIe et le XXe siècle ont permis que se constitue ce qui est aujourd'hui la plus importante communauté d'Europe. Ce volume retrace l'histoire de cette immigration, dont on a tendance quelquefois à oublier les conditions difficiles, mais également du rôle que purent jouer les institutions juives quant à l'accueil et l'intégration de ces populations, à une époque de laïcisation de la société. Il regroupe les contributions d'un colloque organisé à Paris fin 2009, à l'occasion du bicentenaire de la Casip-Cojasor, fondation caritative juive créée en 1809.
Comment se reconstruisent les communautés juives de France après la tourmente de la Seconde Guerre mondiale ? Quels effets auront sur elles l'arrivée, non prévue mais finalement attendue, des juifs d'Afrique du Nord ? L'exemple de la communauté juive de Toulouse permet de donner des réponses - encore provisoires - à ces problèmes. Il laisse voir entre 1945 et 1970 une judaïcité en pleine mutation, tant sur le plan sociologique que culturel.
Ce livre propose de faire un double pari qui permet de renouveler les perspectives classiques sur le tourisme et le patrimoine au Maghreb et en Méditerranée : d'une part, considérer le tourisme dans les anciennes colonies françaises nord-africaines et au-delà comme une des déclinaisons de la « situation coloniale » décrite par Georges Balandier et en décrire les implications politiques ; d'autre part, réévaluer les conséquences de la naissance et du développement concomittants des pratiques touristiques et de l'institution du patrimoine culturel autour de la Méditerranée, qui sont souvent pensées comme des champs séparés. Fruits de rencontres et de collaborations internationales nouées au début des années 2000, les travaux réunis ici dessinent le paysage complexe, à la fois politique, idéologique et imaginaire, dans lequel une multiplicité d'acteurs, de représentations concurrentes du passé et de stratégies économiques ont continuellement forgé des usages du patrimoine et des politiques touristiques, depuis la période précoloniale jusqu'au moment des contestations des « printemps arabes ». Ces dynamiques ont eu, et ont encore, une influence déterminante sur la structuration des sociétés locales et les circulations internationales. Pour saisir cette complexité, plusieurs perspectives disciplinaires - histoire, histoire de l'art, anthropologie - se sont associées autour d'une même ambition. Par la description fine de leurs usages et de leurs représentations des espaces, des biens et des cultures, il s'agit d'analyser comment des pouvoirs institués, des individus impliqués, des visiteurs curieux pouvaient parcourir des lieux et produire des narrations du passé. Il fallait pour cela croiser les points de vue de ces voyageurs que les sources nomment parfois touristes avec ceux des acteurs patrimoniaux qui voulaient, et veulent encore, construire le champ culturel du Maghreb. Loin de se vouloir exhaustif, le présent volume offre des perspectives de réflexion dans trois domaines : patrimonialisation et mise en tourisme du passé antique dans la Tunisie coloniale, production de l'architecture touristique maghrébine et ses liens avec le patrimoine vernaculaire, usages culturels et touristiques des biens et des pratiques religieuses.
Partir ! Fuir, franchir les mers, les frontières, est-ce aussi simple que le rêvaient les poètes du XIXe siècle ? Visage angoissé de l'exilé mille fois saisi par l'objectif du photographe lors des grandes catastrophes ; ébahissement du nouveau venu contemplant son nouveau territoire au sortir de la gare ou du port ; fierté du boursier revenant dans sa famille auréolé de la gloire académique. Ces expériences de la frontière sont au coeur de notre problématique, expériences saisies dans leur dynamique, leur ambivalence et leur fécondité. Notre propos n'est pas de comprendre comment les hommes ont créé les frontières, mais ce que celles-ci ont « fait aux hommes ». Au coeur de notre projet s'inscrit l'expérience individuelle et collective - individus, groupes, États - affrontée au franchissement des limites. De la même manière que Georges Balandier parle de « situation coloniale », risquons les termes de « situation frontalière » pour décrypter la manière dont est vécue la frontière, pour saisir la complexité des phénomènes engendrés par la séparation physique et symbolique des hommes selon des lignes de fracture qui traversent les sociétés. Expérience singulière que cette situation frontalière, configuration plastique et toujours redéfinie... Comment les acteurs sociaux et individuels se représentent-ils les frontières, comment les franchissent-ils, comment les transgressent-ils ? À toutes ces questions, cet ouvrage, né d'une réflexion pluridisciplinaire et internationale, tente de répondre. Sociologues, historiens et spécialistes de littérature apportent un regard complémentaire sur les jeux complexes des hommes, des groupes et des institutions confrontés à ce phénomène de frontière qui n'a cessé de hanter et diviser les sociétés jusqu'à devenir aujourd'hui un enjeu planétaire majeur.