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Christine Montalbetti
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Sur cette terrasse d'hôtel, l'été, on aurait pu se croire dans un genre d'oasis. Je regardais les gens assis autour de moi, j'entrais dans ces vies parce que chacune aurait pu être la mienne, et aussi parce qu'elles ne l'étaient pas, justement.
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Regarder passer les bateaux sur le fleuve Douro, au Portugal, se promener dans la nuit de Kyoto, voir filer les poissons sous un petit pont de bois de Takayama, jouer au pachinko à Tokyo, marcher sur les rives d'un lac du Colorado, faire un tour à scooter dans Paris, flâner sur une plage normande, ça vous dirait ? Ah, les voyages que ça permet, la lecture, ah, l'espace idéal que c'est, un roman, où on peut circuler d'un lieu à l'autre, librement.
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Qui n'a pas rêvé d'être un écrivain américain ? Alors j'ai écrit un roman de Donovan Gallagher et deux romans de Tom Lee Mulligan. Disons que je les ai traduits.
Ce qui s'est réellement passé à Stonebrige, Donovan Gallagher : Quand il débarque à Stonebridge, Roy Steven est persuadé qu'un fait divers va s'y produire. Il n'a pas tort, mais les choses vont se passer un peu différemment de ce qu'il avait imaginé...
Comment écrire un roman, selon Price, Tom Lee Mulligan : Bryan décide sur un coup de tête d'écrire un roman. Il demande à son ami Price, un célèbre écrivain, une liste de conseils. Mais Price semble jouer un drôle de jeu, rapport à Carol.
Runaway Bay, Tom Lee Mulligan : À Runaway Bay, il y a un lac, un bar, une épicerie, un garage, accessoirement un golf, et les pluies d'été du Texas. Jeff y mène sa petite vie tranquille jusqu'au jour où Montana arrive. Puis Sam. -
Tu es mon arrière-arrière-grand-père. Tu as connu le siège de Paris en 1870, la guerre de 14. L'invention du cinéma, et de sacrées tempêtes. Tu as moins de dix ans quand tu deviens jardinier. Plus tard tu seras botaniste. Dans la famille, toutes sortes de petits romans ont circulé à ton sujet. J'ai voulu combler certaines lacunes de ton histoire et ce fossé qui nous sépare. Une mission déraisonnable : réparer l'irréparable, dans le deuil où je suis non seulement de toi, Jules, mais aussi de notre rencontre impossible.
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"Nous, les objets, quelques-uns, ce soir, on va sortir de notre silence. On a des choses à vous dire".
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Oh, cet étrange choeur qu'on forme tous ensemble sans le savoir.
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Un bruiteur, dans son studio d'enregistrement, entouré d'une botte de poireaux, d'une branche de céleri et d'une bassine bleue, vous révèle son étrange bric-à-brac et raconte l'histoire qu'il doit bruiter, celle d'un père dont le fils a fugué dans la forêt.
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"Tout le monde disait de toi que tu étais un homme sans histoires. Et puis voilà. Un jour, tu as pris ta voiture, et tu y es allé, au casino. Seulement cette fois, tu étais armé. Ce qui a le plus surpris, c'était ton âge."
Ce roman s'inspire d'un fait divers. -
Au moment même où l'on croit que c'est Jekyll qui parle, c'est peut-être déjà Hyde qu'on entend. C'est cela que raconte ce monologue, comment la voix de Hyde joue des coudes pour se glisser dans celle de Jekyll et pour prendre progressivement toute la place. Comment elle est dans une sorte de sabotage lyrique de la parole de Jekyll. Comment elle la submerge, la rend instable. Derrière Jekyll, il y a toujours Hyde. Et derrière Utterson, l'ami auquel on s'adresse, il y a nous. La partie se joue donc à plusieurs. On a (peut-être) un seul bonhomme sur scène, mais on est beaucoup, beaucoup plus nombreux.
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S'ouvrant sur une aube bleuie et s'achevant sur un crépuscule érubescent où se déroule un duel, Western nous propose un véritable western, avec tous ses ingrédients : auvent, éoliennes, ranch écrasé de soleil, auberge, saloon, récit d'une bagarre, évocation de toutes sortes de paysages, ceux de la transhumance, des forêts, d'une clairière, des déserts ponctués d'oponces, personnages féminins de Mary et de Georgina, et surtout le motif central de la réparation, vers quoi toute cette journée tend. Un western, mais à l'italienne, qui joue des plaisirs de la parodie et manifeste, à travers l'humour qui anime son style, un véritable enthousiasme à narrer. Et pourtant ce héros flegmatique, qui paraît dépossédé de son propre nom, et de son histoire, laquelle lui revient par fragments, lesté par le poids d'un traumatisme qui ne sera révélé que dans les dernières pages, n'est-il pas aussi le représentant de ce que l'on pourrait appeler un "complexe" ? Car derrière la fente palpébrale de ce regard qui ne cesse de scruter les paysages, se devine une puissante nostalgie des origines.
Avec ce nouveau roman, Christine Montalbetti poursuit une entreprise singulière, entre parodie et respect des canons romanesques, intervention du narrateur et abandon au flux romanesque. Plaisir et inquiétudes garantis à toutes les lignes. -
Comment devenir un héros ? Le douanier paléontologue Jacques Boucher de Crèvecoeur de Perthes, figure historique du XIXe siècle, mais frère en fiction de Don Quichotte, a tout essayé : le roman maritime, enfant, embarqué sur des bateaux soumis aux attaques des corsaires ; l'épopée, menant ses guerres douanières sans trouver les champs de bataille, ou d'autres fois immergé en le coeur de l'action sans la reconnaître ; le roman mondain, où de salons en salles de bal notre jeune homme s'exerçait à rimer. Revenu à Abbeville, où nous le rencontrons en cet automne 1862, prenant son bain quotidien dans la rivière, il a une idée nouvelle : découvrir un fragment d'homme antédiluvien. Un petit voyage à Mers-les-Bains avec Margot, qui permet à Jacques de s'essayer, pourquoi pas, à figurer dans un roman sentimental, l'en distrait un moment. Mais à son retour, la péripétie semble se préciser. Jacques deviendra-t-il un héros ? Ici ou là, ponctuant le récit de ses aventures, passent quelques hommes préhistoriques...
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Dans la chambre sans fenêtres du Love Hotel, où plus rien ne parvient du dehors, un occidental venu à Kyoto pour écrire un roman, et Natsumi, une Japonaise dont le mari, à cette heure, doit considérer le ginkgo depuis la fenêtre de son bureau, font l'amour.
Entre leurs gestes, dans la pièce aveugle, s'engouffre la mémoire de contes du Japon : imaginaire marin, menace des dragons, et de toutes sortes d'esprits qui rôdent et dont on se sait pas très bien l'ampleur des maléfices.
Autour du décor farcesque du Love Hotel, s'étendent les berges de la rivière Kamogawa, encore suspendues dans cette fin d'hiver, le sentiment bizarre de deuil qu'on y éprouve, et pourtant aussi tout ce qui s'agite dans l'air de la promesse du printemps.
L'humour se mêle à cette mélancolie qui émane des paysages, à la terreur vague que laissent planer les contes, au sentiment tragique de la catastrophe. Car, on ne l'apprend qu'à la dernière phrase, le roman se passe l'après-midi du 11 mars 2011, jour du terrible séisme qui fut suivi d'une vague haute de 10 mètres qui a ravagé la région de Sendai, et dont le narrateur, quand son récit se termine, est sur le point de découvrir les images que nous connaissons tous.Tout le roman peut se relire alors comme l'histoire trouble d'un pressentiment.
Christine Montalbetti se trouvait au Japon, ce 11 mars 2011, dans la région de Kyoto. Love Hotel a été écrit dans la mémoire de ce bouleversement.
Elle interroge, à travers cette fiction érotique, le désarroi de la concomitance : qu'éprouve-t-on, quand quelque chose de terrible se passe quelque part au même instant, et qu'on ignore ? Comment vivre ensuite avec le sentiment de son aveuglement ? N'a-t-on pas été pourtant submergé par des pensées qui, après coup, paraissent en symbiose étrange avec cet événement ? -
«Les conditions ont l'air optimales, pour la conduite. Ciel clair, route dégagée, confort de suspension du break, autoradio avec commande au volant : on est paré. Attachez vous ceintures, il s'agit d'arriver au ranch avant la nuit.»
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Pourquoi est-ce qu'on dit ça, évaporé, pourquoi est-ce qu'on parle d'évaporation, toujours est-il qu'il y en a pour prendre leurs cliques et leurs claques et disparaître avant le lever du jour, et ceux-là s'en vont reconstruire ailleurs une vie sous un nouveau nom, et sans doute aussi avec un passé imaginaire, une histoire inventée, si on le leur demande, pour brouiller les pistes. C'est cela qui est arrivé à l'oncle. Un matin, quand tout le monde dormait encore dans la maison, il a franchi silencieusement le seuil, et son corps s'est enfoncé dans la brume bleue de l'aube.
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Nouvelles sur le sentiment amoureux
Christine Montalbetti
- P.O.L
- Fiction
- 16 Février 2010
- 9782846824118
«N'est-ce pas quelque chose que vous avez déjà vécu? Vous éprouvez soudain pour quelqu'un ce qu'on peut appeler un sentiment amoureux et il faudrait, pour que cette petite exaltation se transforme en une relation, que vous y mettiez un peu du vôtre ; or, au moment où il convient que vous soyez le plus présent à la situation, quelque chose vous en distrait. Je ne sais pas moi, une pensée, un souvenir, quelqu'un qui passe, ou tout simplement le combat que mènent en vous Timidité et Hardiesse, Désir et Inquiétude, Fougue et Paresse. Mais d'où nous vient cette propension à l'esquive?» Christine Montalbetti.
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Expérience de la campagne est un texte plus contemplatif que Western, plus intimiste, qui retrace les rêveries d'un homme assis à la terrasse d'une maison après que le dîner a eu lieu ; moment nocturne, où il pense aux quelques jours qu'il vient de vivre dans cette campagne où il est de passage. Isolé sur cette terrasse (les autres invités sont dans l'intérieur de la maison), éclairé par la lumière minimale de deux ampoules qui font paraître le paysage alentour vaste et sombre, tour a tour il se souvient d'un ami revu juste avant son départ pour cette campagne, des activités au jardin de ceux qui l'ont invité, d'un roman japonais qu'il est en train de lire, et d'un documentaire télévisé sur les otaries.
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Tout ça, je me dis parfois, c'est la faute de l'océan. C'était à force qu'ils l'entendent, Colter, Shannon et Harry Dean, à force du fracas des vagues, de la colère que c'est. Ces trois-là, je les avais rencontrés le jour de mon arrivée ici, à Cannon Beach, dans cette petite ville du bout de l'Amérique, et presque chaque soir on se retrouvait au bar de Moses. Je les écoutais me raconter leur vie, et ça me liait à eux, d'une certaine façon. Je croyais que ça me liait à eux. Je me le faisais croire. Parce qu'au fond de moi, peut-être bien que je savais ce qui allait arriver. Mais est-ce qu'on sait ?
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Petits déjeuners avec quelques écrivains célèbres
Christine Montalbetti
- P.O.L
- Fiction
- 1 Février 2010
- 9782846823579
Christine Montalbetti raconte neuf petits déjeuners qu'elle a pris, les uns, dans des circonstances privées, les autres, dans des contextes institutionnels, avec quelques écrivains. Ces récits constituent des hommages discrets et délicats à ces auteurs, dont le portrait n'est jamais appuyé, mais seulement esquissé, presque fantomatique. Car ces textes s'inquiètent (et s'amusent) de notre fascination pour ce tout ce qui est «people» et qui hante le discours contemporain. Ils interrogent, implicitement ou dans un jeu explicite, notre curiosité, et les motivations de cette attente. Jouant avec notre désir, Christine Montalbetti, comme les personnages de ses Nouvelles sur le sentiment amoureux aime à pratiquer l'esquive. Les écrivains traversent ces petits déjeuners comme des présences douces, et le récit s'attache bien plutôt à saisir des états intérieurs, au travers de ces narrations, variées, contemplatives, humoristiques ou mélancoliques, et qui convergent vers un petit déjeuner dans un hôtel japonais qui se laisse furtivement gagner par le fantastique. Slalomant sur la difficile frontière entre ce que l'on révèle et ce que l'on retient, Christine Montalbetti fait aussi de ces Petits déjeuners... l'occasion d'un autoportrait ténu, dispersé, fragile.
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Sa fable achevée, Simon sort dans la brume
Christine Montalbetti
- P.O.L
- Fiction
- 13 Octobre 2011
- 9782818011546
Simon est venu dans cette maison (de famille ? de location ?) faire l'expérience de la retraite, du cocon, du temps pour soi (ou, si vous préférez, du summum de l'inaction). Il y déambule en tressant vaille que vaille ses monologues, s'arrêtant parfois devant le carré vitré de la porte d'entrée pour considérer le jardin minimal qui paraît un puzzle derrière le fer forgé de la grille, ou faisant tourner autour de son doigt le chapeau de pluie qu'il décroche de la patère, et tout alors est l'occasion de marelles, le tapis à cases (dont le bestiaire offre aussi des sujets de songe, les animaux bleus et rouges devisant dans la savane) comme le parquet à points de Hongrie (plus difficile, notez bien, de ne pas déborder du plat du pied). Alors qu'il s'était mis, en somme, croyait-il, à l'abri du monde, sonne à la porte son ami perdu non seulement de vue, mais encore de pensée, Hanz. Entrant ainsi dans la maison, et hésitant, assis sur le canapé comme un visiteur de théâtre russe, ne sachant comment amorcer l'échange (on pourra, à l'occasion, vous demander quelques suggestions), Hanz, avec son corps ancien, déverse dans la pièce, par brassées, non pas la mémoire du passé, mais le passé même.
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La vie est faite de ces toutes petites choses
Christine Montalbetti
- P.O.L
- Fiction
- 18 Août 2016
- 9782818039946
Avez-vous jamais pensé à remercier vos spaghettis de se tenir aussi sagement dans votre assiette au lieu d'onduler en manières de petits serpents jaunes tout autour de vous ? À éprouver de la reconnaissance pour l'eau qui, sortant de votre pomme de douche, se laisse docilement diriger vers votre corps qu'elle asperge agréablement ?
La gravité, je vous l'accorde, est cause que nous tombons, ou que se brisent, hélas, des objets auxquels nous tenons ; mais elle retient avec bonheur nos semelles à la croûte terrestre, et organise gentiment le monde autour de nous. Là-haut, une fois gagnée l'impesanteur, les choses en vont bien autrement.
En juillet 2011, la dernière navette habitée s'élève dans le ciel de Floride. Elle emmène Sandra, Fergie, Doug et Rex vers la Station spatiale internationale. La dernière mission d'Atlantis, comme si vous y étiez. -
Les écrits. No. 147. Juin 2016
Christine Montalbetti, Jean-Marc Desgent, Andrée A. Michaud, Monique Deland, Patrick Chatelier, Catherin Mavrikakis
- Les écrits de l´Académie des lettres du Québec
- 7 Juin 2016
- 9782924558195
La dernière livraison des Écrits prend l'allure d'un bilan de la création littéraire des sept dernières années, qui correspondent à la durée du mandat de Pierre Ouellet à titre de directeur de la revue. Des auteurs qui ont profondément marqué la dernière décennie, au Québec et en Europe, y côtoient de jeunes écrivains qui marqueront sans doute la prochaine. Que ce soit dans le domaine de la prose narrative, dans le champ de la poésie ou dans la prose d'idées, on trouve dans ces pages trois générations d'auteurs qui ont largement contribué à façonner l'imaginaire contemporain et à construire la mémoire littéraire récente d'une large part de la francophonie. Avec les textes, entres autres, d'Andrée A. Michaud, Michel Marc Bouchard, Monique Deland, Michaël Trahan, Naïm Kattan, André Ricard, Pierre Dancot et Yannick Haenel.
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Le bonheur de la littérature
Christine Montalbetti, Jacques Neefs
- PUF
- Hors collection
- 11 Avril 2016
- 9782130790815
L'oeuvre critique de Béatrice Didier se signale par la largeur de son empan et la variété des objets qu'elle considère. Ces variations veulent être le reflet de cette richesse et de cette diversité. Nous avons souhaité redessiner les grandes perspectives de cette oeuvre : l'écriture des Lumières, les Romantismes, l'écriture de soi et l'écriture féminine sont ainsi les territoires dans lesquels, à la suite de Béatrice Didier, les participants à cet hommage portent leurs pas. parce que c'est toujours l'activité de " lire-écrire " qui anime sa passion critique.