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Chloé Thomas
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J'entends toujours.
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« L'insomnie a son panthéon, ses héros ; elle a surtout sa bibliographie. Elle est un genre littéraire : elle se donne la forme du fragment, du méandre, de la phrase coupée ou du ressassement épuisé ; elle se donne, autrement, la forme du délire. S'y égrènent des remèdes, des échecs, des colères, des fanfaronnades ; elle se fait journal pour se trouver une raison d'être. Si l'on écrit tant sur elle c'est aussi qu'elle demeure, avec les rêves, le principal point d'entrée vers le sommeil. »
La nuit est vouée au sommeil ; mais personne, jamais, n'a su dormir. La preuve de cet universel, du petit malheur auquel il nous voue indépendamment de nos conditions, est cherchée ici dans des grottes coupées du temps, entre les lignes de la notice d'un somnifère, en remontant les sources crues des contes de fées, dans la science-fiction et ce qu'elle fait aux rêves, au verso des esquisses de la Renaissance, à l'intérieur de boîtes où la lumière blanche divertit la nuit noire, au coeur de l'urbanité noctambule. -
À la fin des années 60, quelques étudiants d'extrême gauche partirent s'établir en usine. Dix ans plus tard, Bernard et Marie les suivirent, tentant de croire encore à la révolution. Bernard resta quelques années ; Marie, elle, y est encore.
Leur fils Pierre, qui a été élevé par Bernard parce que Marie un jour s'est brusquement éloignée, ne s'intéresse pas à sa mère ni à cette expérience de l'engagement. Il a grandi silencieusement dans cette distance qu'il a faite sienne.
Cette histoire, c'est Jeanne, son amie, qui la recueille aujourd'hui : auprès de Bernard d'abord ; auprès de Marie, qu'elle part rencontrer alors que personne ne l'a revue depuis des années ; dans les silences de Pierre ; dans l'intimité de la chambre qu'ils partagent ; à Berlin, plus tard. Elle tente de s'y frayer un chemin, de la comprendre, de la réinvestir autrement. -
La poésie américaine dite "moderniste", malgré l'influence qu'elle exerça sur de nombreux écrivains français, malgré la place acquise par ses auteurs dans le canon mondial, demeure relativement peu connue en France. Qu'est-ce que le "modernisme", et comment se manifeste-t-il en littérature ? Comment la poésie qui s'y voit associée se pense-t-elle et s'y réinvente ? Existe-t-il une spécificité américaine au sein d'un modernisme qui comptait parmi ses traits saillants le dédain des frontières et la circulation réticulaire des oeuvres et des idées ?
C'est un parcours de lecture, jalonné de nombreuses citations, que nous propose cet ouvrage, en prenant comme point focal la première génération de poètes modernistes américains, nés à la fin du xixesiècle et actifs, aussi bien aux États-Unis qu'en Europe, jusque dans les années suivant la Deuxième Guerre mondiale.
Tout en s'efforçant de clarifier la généalogie et le devenir des différents mouvements (imagisme, vorticisme, objectivisme), il s'attache aux pas de figures singulières parfois bien identifiées, parfois plus discrètes : Ezra Pound, Gertrude Stein et T. S.Eliot bien sûr, mais aussi William Carlos Williams, H.D., Wallace Stevens ou Marianne Moore.
Une bibliographie en fin de volume permettra au lecteur curieux de repérer les éditions des textes originaux et leurs traductions françaises et de s'orienter dans la critique.