Une boîte de carton, une cassette, un téléphone, une radio. Le décor est dépouillé. Le corps est en convalescence, improductif, à l'écart du monde. Du fond de la pièce s'échappent des murmures, bientôt des phrases. Ce ne sont pas des gens. Ce sont des voix à la radio. Pendant des jours, des mois, des années, ces voix trompent la solitude et la douleur.
À la fin du XIXe siècle, la naissance du journal d'information et du reportage au Canada français contribue à l'émergence d'une littérature de terrain. À des kilomètres de la scénographie aventurière qui a nourri l'imaginaire du grand reporter en Occident, l'écrivain journaliste canadien-français circule sur le vaste territoire d'une population francophone éparpillée. Ce livre explore l'histoire du reportage littéraire au Québec : une littérature qui s'étend des « Deux mille deux cents lieues en chemin de fer » d'Arthur Buies jusqu'aux « Peuples du Canada » de Gabrielle Roy, en passant par l'enquête sur les Franco-Américains de Jules Fournier et l'incursion chez les draveurs d'Éva Senécal.
Un premier constat a motivé l'écriture de cet ouvrage : l'absence quasi totale d'études portant sur le grand reportage dans l'histoire de la littérature québécoise. L'autrice s'interroge précisément sur le décalage qui existe par rapport au journalisme littéraire américain et aux pratiques françaises du grand reportage. Analysant les spécificités d'un corpus en contrepoint d'une toile mondiale complexe, son livre jette un éclairage sur les raisons de cet oubli en posant qu'une telle fragilité recouvre la singularité même d'oeuvres à l'intersection de la culture et du désordre du monde.
Dans la foulée d'un renouvellement des perspectives de l'histoire de la presse et des médias, l'étude des femmes dans le monde médiatique connaît une effervescence certaine. Au Québec, les recherches menées par Josette Brun sur Femme d'aujourd'hui, celles de Chantal Savoie sur les femmes journalistes du tournant du XXe siècle, ou plus récemment, le travail de Mylène Bédard sur les usages de la presse chez les femmes patriotes (1837-1838) ont permis d'esquisser les contours d'une culture médiatique au féminin. Elles nous emmènent à la découverte d'images, de discours ainsi que de modes de lecture qui invitent à repenser le rôle des femmes dans la constitution d'une culture et d'un imaginaire médiatiques omniprésents. Ce numéro s'engage sur cette piste en offrant une saisie de plusieurs jalons de l'histoire médiatique des femmes au Québec, avec des articles ayant pour objet d'analyse l'ancêtre de Châtelaine, La Revue moderne, le discours médiatique entourant le droit de vote des femmes en 1940 et le journalisme sportif au féminin, entre autres.
Du Montréal qui aurait pu être à celui qu'on se souhaite, de l'hypercentre aux extrémités de l'ile, une quinzaine de journalistes, d'auteurs, d'historiens, de penseurs, de photographes et d'illustrateurs nous rapportent des visions (souvent dissonantes) de cette ville complexe, à la fois internationale et paroissiale.
Des paradis fiscaux au jazz de Port-au-Prince, de la pertinence des cégeps au souci de vérité en littérature, Nouveau Projet 10 balaye de nombreux sujets. Le dossier central (plus de 50 pages) porte quant à lui sur Montréal. Dans le cadre du 375e anniversaire de sa fondation, nous avons eu envie de réfléchir à son passé, son présent, son avenir. Nous avons demandé à une vingtaine d'écrivains, de chercheurs, de dramaturges, d'historiens, de penseurs, d'illustrateurs et de journalistes de nous rapporter leur vision de Montréal. En résulte un portrait kaléidoscopique, parfois dissonant, à l'image de cette ville aux mille identités.
Dans ce reportage littéraire publié au début des années 1940, Gabrielle Roy nous présente Montréal d'est en ouest, en remontant trois grandes artères de la ville: les rues Notre-Dame, Sainte-Catherine et Sherbrooke.
Dans le numéro printemps-été de Voix et Images, Micheline Cambron et Mylène Bédard proposent un dossier consacré à un corpus peu étudié dans une perspective littéraire : les genres médiatiques de 1860 à 1900. Guillaume Pinson s'y intéresse à la mondialisation de la presse francophone à travers l'étude du reportage, alors que Vincent Lambert étudie la visée et les postures de quatre chroniqueurs phares. Mylène Bédard, quant à elle, interroge la frontière entre roman-feuilleton et fait divers à travers la figure du féminin dans Le Pionnier de Sherbrooke, puis Louis-Serge Gill étudie le caractère multiforme de la critique littéraire par le biais de la réception du Pèlerin de Sainte-Anne de Pamphile Le May, et Lucie Robert discute des enjeux commerciaux et poétiques soulevés par la critique théâtrale. Enfin, Charlotte Biron, prenant appui sur le récit du tour de monde qu'ont effectué Lorenzo Prince et Auguste Marion en 1901, tisse des liens entre reportage, récit d'aventures et développement des transports.
« [...] s'il arrive à la poésie de passer pour une reine sans royaume, cette dernière n'en est pas pour autant découronnée. » (Brigitte Faivre-Duboz et Olivier Parenteau) Dirigé par Brigitte Faivre-Duboz et Olivier Parenteau, ce dossier de la revue Spirale est consacré à la poésie, plus particulièrement aux discours critiques qui tentent de la penser en France, au Québec et aux États-Unis (avec des recensions de Manon Plante, Gabriel Proulx, Olivier Parenteau, Michaël Trahan, Pierre Popovic, Laurence Ouellet-Tremblay et Sara Danièle Bélanger-Michaud). Ce numéro contient également un essai sur la critique signé David Turgeon, un entretien que l'artiste sonore Chantal Dumas a accordé à Charlotte Biron, un portfolio consacré à Jean-Sébastien Vague signé Patrice Loubier, et les critiques de Michaël Blais, Éric Debacq, Pierre Popovic, Camille Anctil-Raymond, Laurence perron, Émile Bordeleau-Pitre, Guillaume Asselin, Ginette Michaud, Isabelle Décarie, Jean-Pierre Vidal, Michel Peterson, Simon Levesque, Caroline Loranger et François Jardon-Gomez. (source: Spirale)
Le dossier thématique du numéro de l'été de la revue Lettres québécoises porte sur les écritures du réel, c'est-à-dire toutes formes d'écritures non-fictionnelles, qui ne relèvent pas d'un travail d'imagination. Avec des textes de Sophie Létourneau, Michael Delisle sur l'éthique de la mention, Céline Huyghebaert, Paul Kawczak, Gabrielle Giasson-Dulude, Charlotte Biron sur le reportage littéraire, Maude Veilleux, Daphne B., Laurence Côté-Fournier et un entretien entre Alex Noël et Daoud Najm autour des genres littéraires. Le cahier Création présente un poème de Ouanessa Younsi, une nouvelle de Maryse Andraos, une lecture illustrée par Clément de Gaulejac et le labo de Maude Pilon. Le cahier Critique fournira des suggestions de lecture pour renflouer les piles à lire et le cahier Vie littéraire, matière à réflexion sur la littérature telle qu'elle se vit, au Québec et dans l'espace franco-canadien.
Qu'elles soient empoisonneuses d'enfants ou de maris, vitrioleuses ou prostituées, les femmes criminelles n'ont eu de cesse de fasciner les publics et les journalistes par la violence et la transgression qu'elles incarnent, et ce, en dépit de la place relativement restreinte qu'elles occupent au sein de l'ensemble de la population criminelle. On n'a qu'à penser à l'exemple récent d'Anna Sorokin, alias Anna Delvey, jeune fraudeuse russe immiscée dans la haute société new-yorkaise, qui a subi, en 2018, un procès pour diverses escroqueries. En parallèle du procès, son histoire était racontée dans la presse puis fut rapidement adaptée à l'écran de manière romancée, dans une intrigue reposant sur le travail d'une journaliste en quête de sa véritable identité. La fiction télévisuelle met ici remarquablement en lumière la fascination journalistique pour la criminelle, tout comme elle la prolonge et la redouble.