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Bernard Creutz
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Ces "bréviaires des aubes et des vents", comme les avait nommés Jacques Lacarrière, ont été principalement écrits de la haute Asie à l'archipel indonésien. L'auteur partageait avec J. et N. Bouvier, dont une lettre introduit le recueil, une paisible urgence et une brûlante délectation à dérouler le fil de l'horizon. Ces trois grands poèmes, qui dénotent un long et sensuel frottement à la langue et à la littérature, touchent et émeuvent par le concret de leurs évocations et le sentiment d'enfance qui les traverse.
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Au fil des errances, ce recueil nous livre de pleines valises d'images, de sensations et d'émotions, d'une mémoire bercée par les vagues, le ciel, le sable. Il nous invite à d'impossibles rencontres avec des hommes, des femmes, d'ici et d'ailleurs. On se laisse ballotter dans cette caravane qui avance sur les ocres et le sel, on se déchausse pour ne pas déranger les dieux qui passent sur le sentier tout proche, l'autre des choses, l'esprit des mots. Des mots d'une écriture dense, d'une forte résonance, pour dire la beauté, la lenteur et la sensualité, l'éphémère des rêves de l'homme.
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L'érotique balancement des Saules verts, l'illusoire pureté des Iris blancs déclinent un art d'aimer, la liberté d'une jeunesse vagabonde jusqu'à l'exil aux marches de l'Orient, à ce cruel et marécageux Rivage des Gètes où Lune Lin vit se perdre et mourir Ovide.
Une nostalgie qui s'étiole, des plaisirs qui s'éloignent, des amis qui vous oublient, tous ces brûlots de l'âme d'une poésie qui vous envahit, vous consume et vous livre sa langue de contrebande, comme une danse onirique sur les reflets de l'eau.
Nos corps fous s'éteignent
Le ciel dresse sa cape de satin
Et nos ombres se baignent
Dans l'océan de Lune Lin.