Les deux imaginaires du futur les plus forts aujourd'hui sont la démesure technologique et l'apocalypse environnementale. Ils se conjuguent pour susciter en nous une sidération, un court-circuit de la pensée et de l'action.
L'enjeu de cet essai c'est de sortir de cette impasse en traçant des chemins et un horizon pour y arriver : la construction d'utopies politiques, lucides sur le long terme, d'inspiration anarchiste et terrestre, contre l'idéologie dominante et en toute conscience des risques de dystopie.
Sa méthode : considérer les séries TV et les films de cinéma, les BD, les romans et les nouvelles de science-fiction comme une extraordinaire source de savoirs et de pistes pour comprendre les impasses actuelles de l'écologie et du tout numérique, puis tenter d'entrouvrir des voies alternatives pour demain.
Ariel Kyrou, est un journaliste, écrivain et essayiste. Il utilise la science-fiction, la contre-culture et les arts contemporains autant que la philosophie pour penser et panser le monde d'aujourd'hui. Il est directeur éditorial du Laboratoire des solidarités de la Fondation Cognacq-Jay et membre du collectif de rédaction de la revue Multitudes. Il est le co-scénariste du documentaire Les Mondes de Philip K. Dick.
Philip K.Dick continue d'exercer son influence sur nous plus de quarante ans après sa mort. Ses histoires et les thèmes qu'elles abordent sont plus que jamais d'actualité.
Auteur de Dans les imaginaires du futur, Ariel Kyrou explore toutes les facettes de l'écrivain de Blade Runner dans cet ABC Dick !
La réalité est pénétrée, imbibée, perfusée d'images et de fictions. Mais il existe de bonnes fictions, qui laissent la liberté, favorisent l'ouverture et l'interprétation, et de mauvaises fictions, qui ne laissent aucun choix, emprisonnent, appauvrissent. Notre époque est celle de luttes entre imaginaires d'origines, de formes et de motivations opposées. Nous avons besoin de romans de mots, de sons ou d'images contre les fictions imposées et leur misère spirituelle. De fictions de nos choix contre toutes celles qui nous étouffent. De fictions « consistantes », qu'Il est possible de partager, et qu'il est essentiel de poursuivre sans fléchir. Elles ne sont parfois que des relectures d'oeuvres du passé ou d'épisodes bien réels de notre propre vie. Mais elles nous aident à lutter contre les robinets numériques du show dominant... Par leur humour et leur lucidité parfois désespérée, elles libèrent de la Machine à décerveler et à atrophier nos affects, ouvrent l'horizon et découvrent des territoires inexplorés. Curieusement, elles sont bien souvent l'oeuvre de grands paranoïaques. Ce sont des peintres ou des imposteurs, des écrivains de série B ou des visionnaires de marc de café, des ancêtres surréalistes ou des écorchés du virtuel. Au sein de cette galerie hétéroclite, citons Philip K. Dick, Kolkoz, Francis Picabia, Ultralab, Patrick MacGoohan, les Yes Men, David Cronenberg ou encore James Graham Ballard. D'hier et d'aujourd'hui, toujours au-delà du vrai et du faux, ils mordent l'époque. Ariel Kyrou nous les fait découvrir ou redécouvrir et s'appuie sur leurs lumières noires pour un livre de philosophie rare, car critique, engagée, vécue dans la chair de son auteur.
L'automatisation, liée à l'économie des data, va déferler sur tous les secteurs de l'économie mondiale. Dans vingt ans, pas un n'aura été épargné. Les hommes politiques sont tétanisés par cette transformation imminente, qui va marquer le déclin de l'emploi - et donc du salariat. Faut-il s'en alarmer ? N'est-ce pas aussi une vraie bonne nouvelle ? Et si oui, à quelles conditions ?Dans un dialogue très politique et prospectif avec Ariel Kyrou, Bernard Stiegler s'emploie à penser le phénomène qui, nous entraînant dans un déséquilibre toujours plus grand, nous place au pied du mur. La question de la production de valeur et de sa redistribution hors salaire se pose à neuf : c'est toute notre économie qui est à reconstruire - et c'est l'occasion d'opérer une transition de la société consumériste (la nôtre, celle de la gabegie, de l'exploitation et du chômage) vers une société contributive fondée sur un revenu contributif dont le régime des intermittents du spectacle fournit la matrice.Cela suppose de repenser le travail de fond en comble pour le réinventer - comme production de différences redonnant son vrai sens à la richesse. Dans l'Anthropocène que domine l'entropie, et qui annonce la fin de la planète habitable, le travail réinventé doit annoncer et inaugurer l'ère du Néguanthropocène - où la néguentropie devient le critère de la valeur au service d'une toute autre économie.
Bernard Stiegler est philosophe. Il vient de faire paraître La Société automatique, 1. L'avenir du travail (Fayard, 2015).Ariel Kyrou est essayiste, rédacteur en chef du site Culture Mobile. Son dernier livre, écrit avec Mounir Fatmi : Ceci n'est pas un blasphème (Dernière Marge/Actes Sud, 2015).
« Pas touche au Prophète. Pas touche à la Nation. Pas touche au Christ en croix. Pas touche à la famille. Pas touche aux marques. Pas touche au cache-sexe. Pas touche à la mémoire sanctifiée. Ceci n'est pas un blasphème est né d'un mélange d'incompréhension et de colère. Du sentiment d'un reflux, comme si la société répondait à la vague de libertés du net, à l'évolution des moeurs et aux prouesses médicales de la technoscience par une marée réactionnaire plus ou moins avouée, diffuse, et à la longue très pesante ». Ceci n'est pas un blasphème interroge le blasphème sous toutes ses coutures, de ses dimensions historiques à sa réalité contemporaine, de la religion aux marques en passant par la science. Il est né d'un dialogue entre un artiste qui a été lui-même censuré à de multiples reprises, Mounir Fatmi, et un essayiste hérétique ayant beaucoup réfléchi sur notre nouveau monde numérique, Ariel Kyrou. Se croisent dans ce livre sous forme de dialogue Dieudonné et les acteurs de la Manif Pour Tous, mais aussi Charlie Hebdo, Mahomet, Le Caravage, ORLAN, Nike, Michel-Ange, Bosch, les Pussy Riot, Brian Eno, Sainte Julie de Corse, les alévis, Apple, Oliviero Toscani, Thierry Meyssan, les frères du Libre-Esprit, Theo Van Gogh, le Coran, l'eau bénite, Larry Clark, les Yes Men, Baruch Goldstein, George Grosz, la lapine fluo Alba, Alain Soral, la procréation médicale assistée, Marcel Duchamp, Andres Serrano et bien d'autres.