En Syrie, terre de passage depuis des millénaires, chaque civilisation a laissé sa trace et des milliers de sites y sont répertoriés. Ce n'est cependant qu'à la fin du XVIIe siècle que des Européens commencent à s'intéresser à ces vestiges. La description de Palmyre par le pasteur Halifax en 1691, puis celle des " antiquaires " Robert Wood et James Dawkins en 1751, ainsi que le récit de voyage de Richard Pococke en 1737, sont à l'origine d'un véritable engouement pour les ruines syriennes. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, aventuriers et érudits n'hésitent pas à s'aventurer dans des régions inexplorées, comme le Hauran ou la vallée de l'Euphrate.
Aux voyageurs succèdent les savants pour étudier ce riche patrimoine et éclairer une histoire mal documentée. Le mandat exercé par la France sur la Syrie et le Liban après la Première Guerre mondiale entraîne l'ouverture de multiples chantiers archéologiques et épigraphiques dont beaucoup étaient encore actifs en 2011. À cette date, une vingtaine de missions internationales œuvraient à exhumer et à mettre en valeur un patrimoine exceptionnel. Mais les destructions et pillages massifs occasionnés par dix ans de guerre y ont depuis causé des pertes irréparables.
L'auteur nous raconte cette aventure archéologique haute en couleur et ses principales découvertes depuis le XVIIe siècle.
Face au bêtisier qui sévit au sujet de Palmyre en raison d'une actualité dramatique, la vérité rétablie et exposée par les véritables savants, sous une forme dynamique et pédagogique.Palmyre, la " perle du désert ", inscrite au patrimoine mondial de l'Humanité en 1980, subit depuis des années des destructions irréparables largement relayées par les médias. Mais beaucoup d'articles et d'ouvrages écrits à la va vite ont contribué à répandre des erreurs innombrables sur une ville objet de tous les fantasmes.
Cité de l'Empire romain, Palmyre n'a été ni une " principauté " ni un État tampon entre Rome et les Perses, pas plus que Zénobie n'en a été la reine. Ville de caravaniers, ouverte aux influences de l'Est et de l'Ouest, elle n'en est pas moins caractéristique de la Syrie gréco-romaine, avec ses rues à colonnades, son théâtre, ses thermes, ses maisons à péristyle. D'où tirait-elle sa richesse ? D'où venaient ses habitants ? Quels étaient ses dieux ? Qui furent réellement Odainath et Zénobie ? Pourquoi ce site prestigieux a-t-il suscité autant d'intérêt et de haine ? Quelle a été son importance aux yeux des Syriens, hier et aujourd'hui, et quel est son avenir ? En vingt-neuf chapitres rédigés d'une plume alerte, en mettant à la portée de tous les découvertes les plus récentes, Annie et Maurice Sartre font le tri entre réalités et légendes sur Palmyre et l'histoire de la Syrie.
Une figure de légende dont l'histoire vraie, enfin restituée, n'est pas moins extraordinaire.Au même titre que Cléopâtre, Zénobie est l'une de ces femmes de l'Antiquité dont le mythe a assuré la célébrité. Qu'importe que le " royaume " de Palmyre, cité romaine, n'ait jamais existé, et que l'on sache peu de choses de la vie de la " reine " Zénobie. Pourtant, pendant les quelques années du iiie siècle où elle domina une partie de l'Orient, jusqu'à s'attribuer le titre d'impératrice de Rome, cette femme politique dans un monde dominé par les hommes joua un rôle considérable au moment où la Syrie était prise entre l'ébranlement du pouvoir à Rome et la pression militaire des Perses Sassanides. Entourée d'une cour brillante où s'exerçaient des influences multiples, elle fit de Palmyre l'un des centres du pouvoir et de l'intelligence. Enfin, après sa capture par l'empereur Aurélien en 273, elle fut aussitôt emportée par la légende, à la fois dans la tradition littéraire et artistique occidentale et dans l'historiographie arabe.
Tous ces aspects de la figure de Zénobie, l'environnement politique et culturel dans lequel elle évolua et qu'elle contribua à façonner, et l'exploitation millénaire de sa légende sous des formes multiples, autant de sujets qu'explorent les auteurs, dans une démarche originale conduite au plus près de la documentation qu'ils ont eux-mêmes contribué à produire.