Philippe Marcenat, fils de grands bourgeois conventionnels et rigides, s'éprend passionément de la ravissante Odile Malet et l'épouse malgré l'hostilité de ses parents. Son mariage est un échec. Remarié à Isabelle de Cheverny, qui est le contraire absolu d'Odile, et bien que l'aimant profondément, c'est lui maintenant qui fait subir à Isabelle les tourments qu'il a éprouvés jadis.
Histoire d'un double échec conjugal, Climats, roman d'une finesse psychologique exceptionnelle, écrit dans une langue admirable, est l'ouvrage le plus célèbre et le plus représentatif du talent de romancier d'André Maurois.
Première Guerre mondiale, sur le front. Un jeune interprète français est affecté auprès d'officiers britanniques. Le soir, quand les fusils et les bombes se sont tus, ces gentlemen des tranchées se retrouvent autour d'une bouteille de porto et tentent d'oublier la mort en parlant histoire, littérature, philosophie. Ils rivalisent d'ironie et d'intelligence.Outre ce roman qui a été un immense succès, cette édition contient un essai inédit d'André Maurois, En retrouvant le général Bramble, magnifique hommage à l'Angleterre, à son peuple et à l'amitié entre nos deux pays.
De toutes les grandes biographies entreprises par André Maurois (Balzac, Hugo, Chateaubriand, entre autres), celle qu'il consacra au poète romantique anglais George Gordon Byron (1788-1824) est sans doute la plus hantée, la plus excessive, la plus risquée. La hantise, l'excès, le risque tiennent au sujet. L'auteur de Childe Harold et de Parisina, avec son génie et son pied-bot, était un homme plein d'amertume, fier, infernal. « Pour les romantiques, la vie est une oeuvre », écrit Maurois. Mais les romantiques se jettent aussi dans leur oeuvre. Byron a fait de la sienne un tableau, un drapeau, un miroir, un tombeau. Il est mort à 36 ans à Missolonghi, en Grèce, rallié à la lutte de ce pays contre la domination turque. En un sens, la brève vie de ce « carbonaro » fut tout entière une guerre de libération : une mère méprisée, des amours déçues, un mariage problématique, une classe sociale qu'il nargue, des exils déguisés en voyages, des ennemis choisis et redoutables tels le pape et les autrichiens...
Ami de Percy Shelley et admirateur de Walter Scott, le poète a poussé sur l'humus du XIXe siècle, mais ses lettres et ses journaux font de lui, comme l'écrit Maurois, un écrivain « de tous les temps ». Pour une raison simple et rare : cette âme qui se pensait damnée ne mentait jamais, avouant l'inceste, l'orgie, le mélodrame, les ricanements.
André Maurois souffre parfois d'une image de notable des lettres. Un notable n'aurait jamais aussi bien compris la psychologie et l'héroïsme romantiques. Anglophile passionné, Maurois connaît son Byron sur le bout des doigts. Son sens du récit, précis et fiévreux, fait merveille. Dans le double registre scientifique et passionnel, Don Juan ou la Vie de Byron, dont la première édition date de 1930, est un modèle du genre.
René ou la vie de Chateaubriand, publié pour la première fois en 1938, est l'une des biographies majeures d'André Maurois. Chateaubriand (1768-1848), c'est une vie surabondante et une oeuvre peuplée de chefs d'oeuvres (Génie du christianisme, Mémoires d'Outre-Tombe, Vie de Rancé). "Disciple de Rousseau et ennemi de Robespierre, admirateur de Napoléon et ennemi de Bonaparte, monarchiste et rebelle à ses rois, libéral et ultra, raisonnable et visionnaire" comme l'écrit Maurois, nul n'a mieux aimé la liberté que lui. Il n'y a pas de mystère Chateaubriand, mais il y a un monde Chateaubriand, fait d'idéalisme et de lucidité, d'ambition et de détachement, de passion pour la vie et d'amour de la mort. C'est ce monde qu'André Maurois, avec la finesse psychologique, l'esprit de synthèse et la curiosité qui le caractérisent, nous invite à explorer. Nomade en Amérique et chrétien à Jérusalem, ministre à Berlin et ambassadeur à Rome et à Londres sous la Restauration, le gentilhomme breton fut en exil partout sans jamais se perdre de vue. "Il avait lui-même divisé sa vie en trois parties : le voyageur et le soldat, l'homme de lettres, l'homme d'action". Chateaubriand fut aussi un grand amoureux, on lira ici de belles pages sur Pauline de Beaumont et Juliette Récamier. Quant à l'écrivain, il est immense, par ses vues et sa "hardiesse dans le choix des mots et le ramassé des images". Maurois voit en lui l'annonciateur de Proust. On ne peut plus marcher sur les traces du géant de Combourg sans un détour prolongé par cette biographie essentielle.
En écrivant Ariel ou la vie de Shelley (1923), André Maurois s'affranchissait d'une dette de jeunesse. « Oui, vraiment, il me semblait que raconter cette vie, ce serait un peu me libérer moi-même », déclare-t-il dans Aspects de la biographie. Adoptant la forme romanesque, le livre n'en respecte pas moins rigoureusement les faits. Qui était Percy Bysshe Shelley (1792-1822), l'auteur de Prométhée délivré ? Un garçon d'une extrême beauté, héritier d'une famille aristocratique du Sussex. Mais surtout un paria, renvoyé d'Oxford pour avoir écrit Nécessité de l'athéisme. Ce romantique ne croyait pas au mariage. A 25 ans, il s'était pourtant marié deux fois. Sa première épouse, Harriett, s'est suicidée. La seconde, Mary, est l'auteur de Frankenstein. Exilé en Italie, il y retrouva son ami George Byron, l'autre grand romantique anglais. Mais alors que « Shelley ne se connaît pas dix lecteurs », l'éditeur de Byron recourt à la police pour protéger la maison de son auteur à chaque parution d'un nouveau chant de Childe Harold... Shelley, ce météore rattrapé par la mort. La maladie lui a pris sa fille Clara et son fils William. Lui pensait prendre la mer - et le feu - sur son petit yacht l'Ariel. On retrouvera son corps sur une plage de Viareggio. Dans les poches de son veston, un volume de Keats, un autre de Sophocle. A la façon des Grecs antiques, on brûla son corps sur la plage, sous les yeux de Byron.
Cette biographie en forme d'éducation sentimentale a quelque chose de conjuratoire. Pour se délivrer de ses démons, André Maurois devait ressusciter Shelley
Ce premier roman de Maurois, publié en 1917, ausculte sur un ton d'ironie charmante la vie d'un état-major britannique pendant la Première Guerre mondiale. Une honorable galerie d'officiers -- gentlemen exposés à la mort, fantasques et spirituels, que l'auteur connaissait bien pour avoir servi comme agent de liaison en Flandres et en Normandie. Drôle, élégant, et finalement admiratif.
Au début du siècle, Mme Herpain trompe son mari et ébranle l'équilibre bourgeois de sa famille. Denise, leur fille, exaltée et orgueilleuse, grandira en se forgeant une morale contre l'indignité de sa mère, dans la promesse de ne jamais lui ressembler... Y parviendra-t-elle?
« J'avais, de 1927 à 1939, accumulé des notes (conversations, scènes, portraits), pour un roman politique : Le député de Pont-de-l'Eure. La seconde Guerre Mondiale éclata au moment où je me croyais prêt à écrire ce livre. Elle le rendit impossible, en transformant profondément la société que j'avais étudiée. Les hommes, les moeurs, mes propres passions, tout était nouveau. Je pensai que le tableau d'une Troisième République défunte retiendrait difficilement l'attention du lecteur d'après-guerre. Ce n'était pas encore de l'histoire, et le romanesque s'en était retiré.
Toutefois, relisant ces notes au cours d'une longue maladie, j'ai été frappé par l'intérêt que j'y prenais moi-même. Oui, ces hommes, dont beaucoup jouaient dans l'histoire des rôles importants, avaient dit ces choses devant moi. C'était la vie même, à laquelle le choix mêlait peut-être un peu d'art. Le secret ne pèse plus sur ces événements déjà lointains. Il m'a semblé utile de montrer cette image, non déformée, d'une réalité peu connue.
Aux conversations politiques, j'ai joint des propos d'écrivains, de savants, d'acteurs. Quelques-uns de mes amis les plus chers manquent à cette galerie. Par exemple, on n'y trouve pas de conversations avec Alain, avec Lyautey ; je me réservais d'écrire des livres sur eux, ce que j'ai fait. Ceci n'est pas du tout un journal. Il m'arrivait de rester un an (et même, pendant et après la guerre, douze ans) sans prendre une note. Avant toute chose, je me suis imposé de ne pas gauchir le passé pour l'intégrer dans le présent. Mes cahiers contenaient des faits bruts ; je me suis gardé de les habiller de commentaires. D'où le titre de Choses Nues. Voici, non toute la vérité, mais rien que la vérité. Sa nudité sera sa seule parure. »
A. M.
Portraits de Robert et Elizabeth Brownig, Emily Dickinson, Heinrich von Kleist, Nicolas Gogol, James Boswell, Ernest Hemingway, Alain, Sainte-Beuve.
« Au temps où le roi Louis-Philippe régnait sur les Français, M. Bertrand d'Ouville, rentier et archéologue abbevillois, revenant un matin d'Amiens en diligence, se trouva seul dans la voiture avec un jeune homme grave et barbu, dont le chapeau en tronc de cône et le gilet à la Robespierre proclamaient assez naïvement les opinions républicaines. »Publié en 1919, Ni ange ni bête est le premier roman d'André Maurois.
Dès 1928, au début de sa carrière de biographe, dans l'une des conférences composant Aspects de la biographie, Maurois prévenait que cette discipline serait toujours "difficile". "Nous exigeons d'elle les scrupules de la science et les enchantements de l'art, la vérité sensible du roman et les savants mensonges de l'histoire. Il faut, pour doser cet instable mélange, beaucoup de prudence et de tact". Il voulait dire que la biographie était un art à part entière.
On n'en doute plus quand on lit son excellent Voltaire (1935), suite de tableaux écrits "allegretto" , bien dans le ton de l'auteur de Zadig, ce modèle de l'esprit français. En vingt-deux courts chapitres, Maurois raconte l'enfance du philosophe, ses succès et ses persécutions, sa liaison orageuse avec Mme du Châtelet et ses liens avec Frédéric II de Prusse. Au passage, il commente Candide et s'arrête sur des oeuvres moins connues. Il évoque, entre autres moments glorieux, la vie de l'écrivain à Ferney et l'affaire Calas. Cette petite merveille de synthèse et d'érudition situe Voltaire en son temps et en son éternité, face au pouvoir et à la postérité.
L'écriture de Maurois frappe, joue, dessine, grave au portrait. Le biographe suit Voltaire jusqu'au bout : "Dans un carosse bleu semé d'étoiles d'or, le vieux squelette en habit de velours bordé de fourrure, une petite canne à la main, traversa la ville". Et nous traversons le temps.
" Ce livre, écrit François Mauriac, ne s'adresse ni aux savants, ni aux philosophes, ni aux théologiens. j'ai voulu répondre le plus simplement possible à la question : " Pourquoi êtes-vous demeuré fidèle à la religion dans laquelle vous êtes né ? " C'était m'exposer à faire le jeu de l'adversaire. Le risque est à la mesure de la simplicité et de la naïveté qui m'auront tenu à genoux, durant toute ma vie, mais qui, de l'enfance à la vieillesse, m'auront permis de sentir, de toucher, de posséder un amour que je ne voyais pas. " Et il est vrai que la sincérité d'un tel ouvrage en fait un message bouleversant qui concerne tous les hommes.Si François Mauriac y retrace son itinéraire spirituel, sans omettre les objections contre l'Eglise qu'il eut le plus de mal à surmonter (à dix-huit ans il faisait déjà ses délices d'Anatole France), il nous passionne par les confidences sur lui-même, sur sa famille et sur son enfance, à laquelle on sait avec quel plaisir il revient toujours. Mais, dépassant son cas personnel, il engage sa foi dans le siècle, et nous rappelle " qu'il n'est pas d'autre politique permise au chrétien que la recherche du royaume de Dieu et de sa justice. "Ouvrage pathétique, par la lutte qui se laisse voir à chaque page entre l'homme et le chrétien, l'homme qui avoue son " hédonisme inguérissable ", le chrétien qui se répète la parole de Saint Jean : " Et si notre coeur nous condamne, Dieu est plus grand que notre coeur ". Le Ce que je crois de François Mauriac parle à l'oreille de chacun de nous, et l'oblige au tête-à-tête avec sa propre conscience. Un grand livre : l'un des plus grands dans l'oeuvre du grand écrivain.
« Plus que jamais, il nous faut des chefs. Des problèmes comme celui de la monnaie, celui des dettes entre nations, celui de la sécurité de l'Europe, exigent de grands esprits. Chaque peuple a de bons arguments ; sur le plan de la logique et du droit on peut discuter sans fin ; il faut trancher. Il faut donc dans chaque pays un homme qui sache dire : " Décision " et ajouter aussitôt : " Exécution "... Rassurez-vous, mon cher maître, je ne demande pas (et je ne souhaite pas) que cet homme soit un soldat. Mais je demande qu'il ait l'esprit militaire, c'est-à-dire le courage de choisir et le courage de commander. »André Maurois
« Chacun de nous déteste tous les autres, c'est entendu. Mais s'il les déteste comme individus, il ne peut se défendre d'un goût dépravé pour la sottise quand elle est l'oeuvre du troupeau tout entier. »André Maurois
Publié pour la première fois en 1934, L'instinct du bonheur est un des grands livres d'André Maurois.
Faisant suite aux Discours du docteur O'Grady, ces nouveaux discours abordent, entres autres sujets, les théories de Jean-Paul Sartre, la question de la guerre, et la bombe atomique.
Ce volume comprend les textes suivants : Meïpe, Les souffrances du jeune Werther, Par la faute de M. de Balzac, Portrait d'une actrice, Les derniers jours de Pompéi.
"Le spectacle Son et Lumière de versailles a eu, l'an dernier, d'innombrables spectateurs. Beaucoup d'entre eux ont eu la gentillesse de m'écrire qu'ils en avaient aimé le texte et qu'ils avaient, en vain, cherché à se le procurer. En effet, je ne l'avais pas fait éditer. Il me semblait que, sans la musique et sans le château lui-même, ce texte ne serait plus ce que j'avais conçu. A quoi l'on me répondit que, pour ceux qui avaient vu le spectacle, le souvenir illuminait les pages et que, pour les autres, les indications données par moi suffiraient. Un auteur se laisse aisément persuader..."André Maurois
« Y a-t-il une biographie moderne ? Est-elle une forme littéraire différente de la biographie traditionnelle ? Les méthodes qu'elle a suivies sont-elles légitimes, ou au contraire faut-il y renoncer ? La biographie doit-elle être un art ou une science ? Peut-elle être, comme le roman, un moyen d'expression, une délivrance pour l'auteur comme pour le lecteur ? Voilà quelques-uns des problèmes que nous pourrons traiter ensemble, en prenant, pour rester fidèles à l'esprit de cette fondation, nos exemples dans la littérature anglaise. »
Mes songes que voici sont un receuil de textes qu'André Maurois a placés sous le patronnage de Montaigne : « Tantost je resve, tantost je dicte en me promenant mes songes que voicy. »
Ces Sentiments & coutumes regroupent les textes de Maurois suivants : "Le mariage", "Parents & enfants", "L'amitié", "Le métier & la cité" et "Le bonheur".